Acanthagrion ascendens est un des quatre Acanthagrion que nous avons observés durant ce séjour de prospection. C’est aussi le plus rare dans cette zone, nous ne l’avons rencontré qu’une seule fois, quelques minutes après le début de cette prospection.
Certains de ces Acanthagrion sont très proches et d’ailleurs Calvert en avait d’abord fait une sous-espèce de Acanthagrion gracile, tout en notant des différences sur la forme du 10° segment et des appendices anaux. A. gracile n’est pas présent dans la zone que nous avons étudiée.
Calvert précise dans « Contributions to a knowledge of the Odonata of the Neotropical region, exclusive of Mexico and Central America« , Annals of the Carnegie Museum, que son abdomen mesure 27 mm et son aile postérieure 16mm. Sa longueur totale est d’environ 32 mm.
Il apparaît que les mâles sont d’abord bleus (comme les femelles), avant de devenir jaunes.
Acanthagrion ascendens mâle, Pérou, Tahuayo lodge, 12/08/2023
Plusieurs espèces d’Acanthagrion présenteraient ce spectaculaire changement de coloration et on s’est demandé un temps s’il s’agissait d’une variation géographique ou ontogénique ; en effet, les mâles bleus ne semblent pas si jeunes et de nombreuses espèces restent bleues.
C’est un genre très riche, 44 espèces en 2013 (voir ici), très difficile, et il faut parfois se référer à la forme du pénis pour séparer les espèces.
Heureusement, notre zone n’est pas trop riche et pour les identifier, on peut se fier à leurs appendices anaux et à leur coloration, en particulier des derniers segments. On le sépare facilement de A. apicale (qui a 2 très forte protubérances sur le S10), également présent, par le fait que ce dernier ne présente pas de coloration bleue sur le segment 7. On le sépare de A. phallicorne, commun dans la zone, car son expansion verticale sur le 10° segment est très peu ou pas bifide, un peu tronquée et non colorée.
Les femelles sont bleues et encore plus difficiles que les mâles. Cependant, ces femelles se trouvaient avec les mâles A. ascendens et, ce jour, nous n’avons pas trouvé d’autre espèce.
On trouve ces Acanthagrion sur les mares, les étangs et les lacs, occasionnellement sur des eaux très faiblement courantes.
Son aire de distribution s’étend à l’est de la Cordillère des Andes, du nord du Paraguay et de la Bolivie au sud, jusqu’au Brésil, la Guyane française, le Suriname et le Venezuela au nord, en passant par le Suriname, le Pérou et la Colombie.
IUCN Red List
Acanthagrion (Selys), du grec akanthos, épine, et agrion, dérivé du Grec signifiant sauvage et veut sans doute dire « vivant dans les champs ». Acanthagrion se réfère à une épine acérée sous le S8 des femelles ; Selys dans le « Synopsis des Agrionines, légion 5 » écrit « Épine vulvaire généralement aiguë « . Il précise également que cette caractéristique est commune au 8 sous-genres qu’il crée sous le genre Agrion.
J’imagine qu’ascendens, du latin ascendo, monter, s’élever, se réfère à la forme du S10, étiré vers le haut.
Quelques heures avant notre départ, nous avons fait un petit tour dans la forêt derrière le lodge de Tahuayo, et pour faire mentir ce que j’ai écrit plus haut, j’ai trouvé un autre mâle.
