Gynacantha klagesi, Aeshnidae, ne m’a laissé sur cette session que quatre minutes pour l’admirer ; j’ai eu le temps de tourner un peu autour et il a disparu dans la forêt.
Williamson nous précise que la taille de l’abdomen est de 47 à 49 mm, sa taille totale est d’environ 62 mm.
Nous l’avons rencontré en forêt dense, dans une zone marécageuse, accompagné de Uracis siemensi et infumata, Inpabasis hubelli, et de plusieurs espèces de Metaleptobasis.
Quelques minutes auparavant, j’avais fait cette photo, qui donne une idée du terrain sur lequel nous nous déplacions : un marais sur lequel sont jetées quelques branches, par endroits, pour aider au franchissement des zones les plus difficiles. Une journée éprouvante, tant par la chaleur que par la difficulté de la progression dans ce terrain ou les bottes s’enfoncent de façon inégale et surprenante.
Marais de palmes, Pérou, ARC, 19/08/2023
Noter la profonde encoche de la partie basale de l’aile qui cré un dégagement pour ne pas frotter sur ses auricules particulièrement saillantes. Leur rôle, s’ils en ont un reste un mystère. Ils participent en tout cas à l’identification de cette espèce.
Nous l’avons heureusement retrouvé une demi-heure plus tard en repassant au même endroit ! Et finalement, ce n’est pas tellement une surprise, les Aeshnidae étant crépusculaires, leur activité est réduite dans la journée. C’est bien le même, comme en témoigne la présence d’un petit amas clair près du bord costal de l’aile antérieure gauche, peut-être un hydracarien parasite.
On trouve peu de détails sur ce Gynacantha klagesi qui n’est pas observé souvent, comme le montre le faible nombre de photos disponibles sur le Web.
Il est cependant présent dans les forêts humides du nord du Brésil, de l’est du Pérou et de la Colombie, au Suriname et en Guyane Française.
IUCN Red List
Ce n’est que plusieurs semaines après la publication de cette page que j’ai aperçu cette curieuse épine sur la face, plus précisément sur l’anteclypeus. Il n’y en a pas de mention dans la description de Williamson (1) ; il publie cette description en 1923, d’une espèce capturée en 1917, et il est fort probable que cet appendice ait disparu en raison des conditions de transport ou de conservation.
J’adore les yeux des libellules et je n’ai pas laissé passer l’occasion de m’attarder sur ses yeux fantastiques, c’est dire s’il a été patient.
Gynacantha est formé de 2 mots grecs signifiant « femelle ou femme » et « épine » soulignant l’épine que l’on observe sous le 10° segment abdominal des femelles des espèces de ce genre.
Klagesi est un hommage à Samuel M. Klages (1875-1957), ornithologue et entomologiste amateur, grand collecteur d’animaux dans la première moitié du XX° siècle. C’est ce que Williamson précise dans « Notes on American Species of Triacanthagyna and Gynacantha » , University of Michigan, Museum of Zoology, July 2, 1923 (1).
1- E. B. Williamson, « Notes on American species of Triacanthagyna and Gynacantha« . Miscellaneous Publications of the Museum of Zoology, University of Michigan 9: 1-80.
Superbe celle là Benoit !