Megalopreprus caerulatus est un spectaculaire Coenagrionidae, une des plus grandes libellules du monde, avec 13 cm de longueur totale et une envergure record de 19 cm. Il appartenait aux Pseudostigmatidae, famille aujourd’hui intégrée au Coenagrionidae.
Helicopter! Helicopter! C’est le cri que chacun d’entre nous se devait de pousser pour prévenir de la découverte d’un Blue-winged helicopter. Helicopter est son nom de genre anglo-saxon, qui lui a été donné pour illustrer son vol ; il bat des ailes lentement et les taches qu’il porte à l’apex des ailes, semblent tourner en vol, à la façon d’un hélicoptère.
Malheureusement, je n’ai pas vu de mâle de manière satisfaisante. À chaque fois, nous l’avons vu posé en hauteur, jamais en dessous de 3 ou 4 mètres et même plus haut, et surtout très loin de nous, s’échappant encore plus haut lors de notre venue, fidèle à sa réputation de libellule difficile à approcher.
Les taches alaires sont très variables au point qu’on a fini par identifier deux espèces au Costa Rica, l’une sur les pentes caribéennes, l’autre sur les pentes Pacifique. Une révision du genre a été publiée en mars 2022, j’espère y avoir accès prochainement…
Panama, Pipeline road, 28/08/2012.
Megaloprepus caerulatus est une des rares espèces d’odonates où les femelles sont notablement plus petites que les mâles.
Cet odonate de tous les records a une autre particularité ; la femelle pond sur les bords des trous d’arbres remplis d’eau, ce qui est commun dans la forêt pluviale. La larve peut ainsi se développer en mangeant d’autres larves, comme celles des moustiques ou même des têtards, voire d’autres membres de leur espèce, car le cannibalisme ne les dérange pas.
Les adultes se nourrissent en volant leurs proies sur les toiles d’araignées. On les voit ainsi, en vol stationnaire, picorer les toiles et se saisir des insectes piégés. Ils ne dédaignent pas d’ailleurs de manger les arachnides qui ne sont pas assez prudents.
Panama, Watercress Trail, 05/09/2012.
Noter ci-dessus la différence d’aspect de la coloration alaire entre mâle et femelle. Pour ces dernières, l’apex montre deux taches blanches alors que la partie de l’aile située avant la tache sombre est hyaline, là où pour le mâle, on distingue un nuage blanchâtre.
L’espèce est considérée comme peu fréquente ou en tout cas, il est rarement vu ; il faut dire qu’il ne s’approche pas de l’eau et vit dans les clairières de la forêt pluviale, lieux qui sont peu prospectés. Nous l’avons pourtant rencontrée 11 jours sur les 14 de notre séjour.
Pipeline road, 28/08/2012.
Son domaine est la forêt humide et comme déjà dit, il n’est pas inféodé aux eaux courantes ou statiques, il se contente de l’eau que contiennent les trous d’arbre.
On le rencontre en Amérique centrale et en Amérique du Sud, du Mexique à la Bolivie.
IUCN Red List
Megaloprepus caerulatus est également un des odonates à la vie ailée la plus longue puisqu’une session de marquage-recapture a montré un individu âgé d’au moins 6 mois.
Panama, Altos de Maria, 02/09/2012.
En ce qui concerne l’étymologie du nom de genre, Rambur ne donne aucune indication. Si megalo vient du grec ancien et signifie grand, très grand, je ne trouve aucune origine pour prepus, la recherche étant polluée par un organe masculin facile à identifier…
Caerulatus est composé du latin caerulus, pour bleu, et du préfixe atus, signifiant doté de , qui se rapporte à la coloration alaire sombre, qui, si elle paraît noire, montre des reflets bleutés.
Pipeline road, 28/08/2012