C’est la première fois que je vois Miathyria marcella posé ; c’est en effet un planeur infatigable que j’avais rencontré au Panama, après sa capture. Malheureusement, il est posé ici très haut, certainement à plus de 5 mètres, ce qui n’est pas son habitude, mais il est déjà 17 heures 15 et c’est sans doute son perchoir pour la nuit. Ils sont d’ailleurs 4 ou 5 individus dans cet arbre-dortoir, ce 6 janvier 2015, près de REGUA. C’est une espèce grégaire et on peut parfois observer des vols de dizaines d’individus.
Ils semblent rester en vol des heures, c’est du moins ce que pensent les photographes…, et cette faculté est bien sûr directement liée à la spectaculaire largeur des ailes postérieures qui portent une tache très sombre à nervures jaunes.
Son nom anglais est Hyacinth Glider et témoigne de sa dépendance aux Jacinthes d’eau (Eicchornia crassipes) qui constituent son substrat préférentiel de ponte. Les femelles que je n’ai pas rencontrées ne dédaignent pas non plus la Laitue d’eau (Pistia stratiotes).
Ces choix font qu’on ne le trouve que sur des eaux dormantes ou à très faible courant, mare, marais étangs et lacs.
On le rencontre depuis le sud des États-Unis jusqu’en l’Argentine et aux Grandes Antilles.
IUCN Red List
Il mesure 37 à 40 mm, l’accouplement se produit en vol et la vile larvaire dure 4 à 6 mois.
Avec sa tache basale alaire, on ne peut guère le confondre qu’avec Tramea calverti ou Tramea cophysa, seuls Tramea montrant une bande claire latérale sur la face latérale du thorax. Mais ils ont tous les deux un abdomen plus rouge et leur tache basale alaire n’est pas parcourue de nervures jaunes.
Parmi les individus observés sur cet arbre, celui ci-dessus était spectaculairement chargé en parasites, certainement des hydracariens, qui se fixent sur la larve et migrent sur leur hôte lors de l’émergence.
Je livre l’étymologie du nom d’espèce et de genre telle qu’on les trouve dans « The Scientific Names of North American Dragonflies », Heinrich Fliedner, Ian Endersby, Busybird Publishing 2019.
Miathyria est composé de trois mots grecs, le premier signifiant –une, le second –entrée, porte ou volet de fenêtre, le troisième, –concernant, se rapportant à. Et « ce qui se rapporterait à une entrée ou un volet » pourrait être » l’espace du sous-triangle sous la forme d’une très large cellule pentagonale ».
L’espèce marcella est nommée d’après une femme inconnue ou une sainte du IV° siècle connue pour son rôle dans la fondation de l’institution monastique…
Autant dire qu’on ne sait pas pourquoi elle a été ainsi nommée.