Heureusement, j’avais déjà rencontré Rhyothemis phyllis à 2 reprises en Asie, car, en tout cas dans le Territoire du Nord, je n’ai pas eu de chance. Systématiquement mon approche déclenchait son envol et j’ai dû me résoudre à faire des photos en vol, immontrables… Mes compagnons de voyage se sont gentiment moqués de moi, et j’avais le droit à un appel, à chaque fois que l’un d’eux apercevait l’espèce, même au loin…
Comme tous les Rhyothemis, c’est une espèce spectaculaire par sa décoration alaire, qu’on pourrait confondre avec Rhyothemis variegata, à la coloration plus étendue, si elle était présente en Australie. Rhyothemis graphiptera, assez commune en Australie, est aussi beaucoup plus colorée.
Sur la photo ci-dessus, on note la largeur de ses ailes postérieures, et ce n’est donc pas un hasard si on le voit se nourrir très longuement en vol, parfois en essaim, à plusieurs mètres au-dessus du sol.
Il mesure 39 à 41 mm avec une envergure de 70 mm.
On le rencontre sur les eaux stagnantes bien végétalisées, mares, étangs, marais et fossés.
En Australie, on ne rencontre pas l’espèce nominale, Rhyothemis phyllis phyllis, mais R. p. beatrix et R. p. chloe qui différent par l’étendue des taches alaires, en particulier au niveau du nodus.
Nous l’avons peu rencontré, que ce soit dans le Territoire du Nord ou dans le nord du Queensland. S’il y est présent, il est beaucoup moins abondant que sur la région côtière est, jusqu’à Newcastle, Nouvelle-Galles du Sud.
En dehors de l’Australie, on le contacte, à travers les iles du Pacifique, du Laos, Cambodge et Myanmar jusqu’en Chine, et Taïwan.
Atlas of Living Australia
IUCN Red List
En Asie ou en Australie, il prend le nom de Yellow-stripped flutterer ou Yellow-barred flutterer. Si la première partie se réfère à la large tache alaire basale noire traversée de jaune, la seconde traduit sa façon de voler, alternant vol battu et plané, à la façon d’un papillon.
Au Cambodge. En Malaisie.
Malgré sa pauvre qualité, je livre une photo de femelle pour compléter le tableau ; elles sont identiques quant au motif alaire et il faut se référer aux appendices anaux pour déterminer le sexe.
Dans Rhyothemis (Hagen, 1867) on reconnait le nom de la déesse de L’Ordre et de la Justice (1), Themis, fréquemment utilisé encore après Hagen, pour nommer des Libellulidae, par imitation de ce que faisaient les anciens en utilisant des noms issus de la mythologie. La première partie du nom vient sans doute, selon Fliedner, d’une roche, la Rhyolite, découverte en 1861 et dont le nom est composé de 2 mots grecs signifiant –couler et –pierre, cette roche magmatique montrant des bandes ou couches semblant avoir coulé les unes sur les autres. Quand on regarde la Rhyolite, cette explication est surprenante.
Phyllis est une princesse Thrace dont le destin est varié en fonction des versions ; il ne faut pas voir de rapport avec son (tragique) destin, seulement, encore une fois, l’attrait pour la mythologie à cette époque.
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.