Rhyothemis graphiptera ne fait pas exception parmi les espèces du genre et ses ailes à la nervation très dense sont magnifiquement colorées, avec des reflets métalliques sur les parties sombres quand le soleil joue avec. Le thorax et l’abdomen sont également vert métallique.
Il est commun en Australie et nous l’avons rencontré dans le Territoire du Nord, en Australie-Occidentale et dans le nord du Queensland.
En raison des motifs alaires, il est impossible de le confondre avec un autre Libellulidae australien : seul Rhyothemis phyllis s’en approche un peu, avec une coloration alaire nettement plus limitée.
Pour sa taille, il est difficile de se référer à Rambur (2), qui organise un jeu de piste dans son ouvrage ; il nous dit qu’il (Libellula graphiptera) est de la même taille que Libellula ferruginea (Crocothemis erythraea). Mais pour ce dernier, il écrit qu’il est un peu plus grand que Libellula vulgata (Sympetrum vulgatum). À la rubrique Libellula vulgata, Rambur donne enfin un chiffre, 4 cm à 4 cm et demi.
C’est en fait un peu exagéré, car le Graphic flutterer ne mesure réellement que 35 mm pour une envergure de 70 mm.
Il se plait sur les mares, lacs, marécages et les parties très lentes des rivières. On l’aperçoit très souvent en vol, haut entre les arbres, se nourrissant longuement en compagnie d’autres individus de son espèce. Leurs larges ailes postérieures sont bien adaptées aux vols de longue durée et au vol plané, aux alternances de vol battu et plané qui leur donne un air de papillon, d’où le qualificatif de flutterer en anglais.
En Australie, il occupe toutes les régions côtières du nord, depuis l’Australie-Occidentale jusqu’au Queensland. Mais il est également présent sur toute la côte est, jusqu’au sud de la Nouvelle-Galles-du-Sud.
En dehors de l’Australie, on le rencontre en Nouvelle-Calédonie, dans les iles de la Sonde, les Moluques et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
IUCN Red List
Atlas of Living Australia
Les femelles, et c’est peu fréquent pour les Libellulidae, présentent les mêmes motifs alaires et, ce qui est encore plus rare, avec la même intensité de coloration. Les yeux, le thorax et l’abdomen (un peu plus large) sont copies conformes de ceux du mâle.
Dans Rhyothemis (Hagen, 1867) on reconnait le nom de la déesse de L’Ordre et de la Justice (1), Themis, fréquemment utilisé encore après Hagen, pour nommer des Libellulidae, par imitation de ce que faisaient les anciens en utilisant des noms issus de la mythologie. La première partie du nom vient sans doute, selon Fliedner, d’une roche, la Rhyolite, découverte en 1861 et dont le nom est composé de 2 mots grecs signifiant –couler et –pierre, cette roche magmatique montrant des bandes ou couches semblant avoir coulé les unes sur les autres. Quand on regarde la Rhyolite, cette explication est surprenante.
Graphiptera, dont la première partie est issue du grec et signifie –dessin ou peinture (graphisme) et la seconde, du grec également, signifiant –ailé. Ceci pour souligner le caractère « graphique » (sens moderne !) des ailes, qui est naturellement mis en évidence dans la description de Rambur.
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird Publishing 2015
-2- Jules Rambur (1842). Histoire naturelle des insectes. Névroptères. Paris: Librairie Encyclopédique de Roret. pp. 534 [45]
Vos photos sont superbes, j’ai eu la chance de croiser en 2018, en deux endroits des Rhyothemis graphiptera, les quelques photos sont sur iNaturalist.