La découverte de ces Coenagrion ornatum mâles ne s’est pas faite simplement; j’ai prospecté une dizaine de sites en Bourgogne début juin 2023, essentiellement dans la Nièvre et dans l’Yonne, dont un que j’avais déjà tenté, sans succès, en 2021. Je n’ai finalement contacté l’espèce que sur 2 sites dans la Nièvre : l’un m’a montré un tandem et un accouplement (le même couple ou en tout cas, avec certitude le même mâle) mais pas d’individu isolé, l’autre moins de 10 mâles, 2 ou 3 femelles isolées et quelques tandems.
La difficulté à le trouver provient de la nature de son habitat, qu’il partage d’ailleurs avec C. mercuriale : des ruisselets pérennes qui signalent donc des zones ou l’herbe est encore bien présente en été, et qui sont de ce fait pâturés de bovidés aux intentions parfois belliqueuses ou d’une curiosité envahissante. C. mercuriale y est toujours beaucoup plus abondant que l’Agrion orné et ils sont très difficiles à différencier sur le terrain sans capture systématique, ce que j’évite. Il faut les aborder sous le bon angle, avec les jumelles entomologiques ou faire des photos de bonne qualité de tous les coenagrions qui veulent bien se poser.
Bien sûr quand on les voit de très près, les différences sont nombreuses, les critères les plus importants sont situés à chaque extrémité de ces zygoptères 🙂 :
– Coenagrion ornatum mâle montre des taches postoculaires fortement identées postérieurement ; c’est un critère très important qui le sépare de tous nos autres coenagrions (sauf peut-être de C. pulchellum pour lequel elles sont moins marquées).
– ses appendices anaux sont peu visibles, les supérieurs presque invisibles sur photo, les inférieurs courts et clairs, alors que ceux de C. mercuriale sont bien visibles, d’aspect sombre et de longueur égale.
Le pronotum de Coenagrion ornatum comporte 3 lobes distincts, 2 latéraux, un postérieur, tous colorés de bleu sur leur marge externe ou postérieure, mais parfois séparés par une interruption de la coloration. Celui de C. mercuriale est en forme de « V » très aplati avec une interruption médiane de la coloration, parfois infime.
À lire : L’enquête Coenagrion ornatum (Selys in Selys etHagen, 1850) en Bourgogne (Odonata, Zygoptera :Coenagrionidae) : protocole et premiers résultats, sur Researchgate
Très intéressant.
Merci
C’est gentil !