J’avais déjà eu la chance de rencontrer Tetrathemis irregularis en Malaisie, ceux d’Australie me sont apparus plus marqués de jaune sur l’abdomen, en particulier sur le 7° segment abdominal, qui est peu ou pas taché dans la péninsule malaisienne. Il est en tout cas suffisamment différent pour qu’on lui ait attribué la dénomination de sous-espèce, Tetrathemis irregularis ssp. cladophila.
Pour moi, c’est une variation géographique comme on en rencontre beaucoup, et personne, jusqu’à maintenant, ne s’est sans doute penché sur la question de savoir si les appendices anaux et/ou les genitalia étaient strictement identiques ou pas…
Comme en Malaisie où je les avais trouvés en limite de forêt, au Queensland, ils se plaçaient à l’ombre… et le flash met en valeur leurs yeux d’émeraude !
Dans sa description, Brauer, le donne pour 28 mm pour un sujet des Philippines. J’ai indiqué 25 mm pour ceux de Malaisie ; c’est plus de 10% de différence, mais certainement dans les limites de variations intraspécifiques.
Je ne peux que confirmer qu’il est… petit et très beau (je suis un amoureux des yeux des odonates).
Il habite les ruisseaux dans la forêt pluviale ; les Australiens le nomment Rainforest elf.
En Australie, on ne le rencontre que dans le nord-est du Queensland. Mais sa distribution est très large en Asie du sud-est, depuis le sud de la Chine jusqu’à la Nouvelle-Guinée, à travers le Vietnam, la Malaisie, l’Indonésie et les très nombreuses iles qui parsèment tout ce territoire.
Atlas of Living Australia
IUCN Red List
Tetrathemis, de –tetra pour –quatre et de Themis – déesse grecque de l’ordre, de la justice. Hagen en 1861 a créé plusieurs noms de genres terminés par le suffixe Themis, sans doute parce que d’autres noms de libellules comportaient des noms de dieux comme Echo ou Nehalennia. Le nom de la déesse de l’ordre est particulièrement bien adapté à la taxonomie, science qui vise à décrire et ordonner les familles, genres et espèces. Le chiffre 4 se réfère, comme le décrit Brauer, à la forme de la cellule cardinale, que nous appelons sans doute abusivement triangle, qui est quadrangulaire pour ce genre.
Irregularis, du latin –in, pour –non, ne pas et –regularis pour –qui sert de règle, l’ensemble signifiant –qui n’est pas conforme à la règle. Ceci se rapporte une nouvelle fois à cette cellule qui comporte 4 côtés au lieu des 3 habituels. T. irregularis est en effet la première espèce décrite de ce genre, c’est l’espèce « type » du genre (1).
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.