Lithosticta macra femelle, tandem et accouplement

À vrai dire, le premier sujet que nous avons rencontré est cette femelle Lithosticta macra que nous avons rencontrée le 19 avril et c’est d’ailleurs son habitat préféré, rivières et ruisseaux dans un environnement rocheux.

Cette Rock narrow-wing, puisque c’est son nom australien, c’est la même sur les 2 photos ci-dessus, a montré un curieux comportement ; elle a d’abord cherché à pondre sur la bandoulière d’un sac, puis a simulé (je suppose) la ponte sur ce rocher vertical, mais du côté opposé à la rivière, certainement un endroit toujours exondé…

Elles ont globalement les mêmes motifs thoraciques et abdominaux que les mâles ; elles s’en différencient par le pronotum qui présente un lobe postérieur médian, relevé et très nettement bifide. Ce pronotum ne porte pas les épines latérales du mâle.
Quelle est l’utilité de ce petit lobe bidenté ? Peut-être aucun car il ne semble pas intervenir de façon décisive sur la façon dont le mâle maintient pendant l’accouplement, en tout cas de ce que j’ai pu en observer quelques jours plus tard.

L’abdomen est beaucoup plus massif que celui du mâle et se termine par de lourds segments terminaux et un long ovipositeur ; il est doté d’un puissant stylet (que l’on voit sur la photo 2) mais il ne faut tout de même pas le confondre avec un marteau-piqueur et je pense que cette femelle surestime ses capacités !

Lithosticta macra femelle, Australie (NT), Nitmiluk, 19/04/2022

Lithosticta du grec lithos pour pierre et du latin sticta qui signifie tatoué, taché et qui se réfère souvent au ptérostigmas des odonates. Mais il semble plutôt, qu’ici, ce sticta n’est ajouté que pour signifier l’appartenance au Isostictidae et que le sens véritable du nom de genre doit être cherché dans l’affinité de l’espèce pour l’environnement rocheux.
Macra, forme féminine du latin macer signifie maigre et la description originale rappelle le caractère mince ou élancée de cette espèce (pour le mâle, je suppose) (1).
Le nom australien déjà évoqué, Rock narrow-wing, lui, insiste plutôt sur l’étroitesse des ailes.

Un tandem m’a permis de m’approcher pour comprendre comment le mâle maintient la femelle par ses appendices anaux.

Sur le site de Anbangbang, haut-lieu de l’art pariétal aborigène, nous sommes bien sûr sortis des sentiers pour descendre à flanc de montagne à la recherche d’un supposé ruisseau/torrent. Nous en avons trouvé un d’1 mètre ou 2 de large, que nous avons remonté.
Nous avons eu le plaisir d’y découvrir, une femelle et enfin un accouplement !

Lithosticta macra transfert de sperme, Australie (NT), Anbangbang, 02/05/2022

La gymnastique de ce mâle est étonnante pour les non-initiés : le mâle est tout simplement en train de transférer son sperme ; en effet, celui-ci est produit dans les derniers segments de l’abdomen, mais il est utilisé sous les 2°, là où se trouve son pseudo-pénis.

Le « cœur copulatoire » est étonnant, mais il faut savoir qu’il est précédé de cette phase pour tous les odonates, le plus souvent, comme ici, juste avant l’accouplement et souvent chez les zygoptères, après la capture de la femelle.

Ci-dessous, à gauche, même si la photo n’est pas parfaite, je trouve la tête de cette femelle Lithosticta macra assez extraordinaire par sa face allongée, presque simiesque. Sur certaines autres photos, elle me fait penser à … une chèvre.
On trouve très peu de détails sur cette espèce et les informations données par l’excellent Atlas of Living Australia, ALA, sont succintes.

-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.

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