Si nous avons souvent rencontré ce Libellulidae 11 jours sur 24, c’est surtout en vol !
Hydrobasileus brevistylus a une couleur un peu étonnante pour un Libellulidae mature, plus proche des Gomphus avec cet habit noir et jaune (ou de notre Orthetrum cancellatum femelle), mais sa façon de rester en vol pour se nourrir ou à la recherche de femelles l’écarte de cette autre famille.
Il se perche assez haut, trop pour les photographes, et nous ne l’avons surpris posé que 2 fois.
Une rencontre a été très intéressante, car elle a permis d’observer un sujet porteur d’une forte infestation de parasites, des hydracariens, sans doute du genre Arrenurus.
Et la surprise a été de constater ultérieurement, sur photos, que 2 espèces de parasites étaient représentées : l’Arrenurus déjà cité, sous formes de petites billes rougeâtres, et 2 diptères, sans doute du genre Forcipomyia, sur l’aire postérieure gauche que l’on voit très bien ci-dessous. C’est la première fois que j’observe cette double infestation. Les 2 espèces se nourrissent de la lymphe de l’odonate, et finiront par se détacher spontanément lorsqu’elles auront achevé leur cycle de croissance.
Cette infestation, surtout celle due aux hydracariens, permettrait de deviner leur habitat ; il est en effet excessivement rare de trouver des odonates de rivière ou de ruisseau ainsi infesté. Et en effet, Hydrobasileus brevistylus fréquente les marais, les étangs et les mares.
On note la largeur de son aile postérieure, adaptée au vol au long cours, comme les Rhyothemis variegata et phyllis, ou autres Pantala flavescens.
On remarque aussi que lorsqu’ils sont posés, l’abdomen adopte une forme arquée, concave en haut., qui peut certainement aider à les reconnaître à distance tant cette attitude est rare parmi les Libellulidae.
Il mesure environ 55 mm pour 100 mm d’envergure, ce qui le classe tout de même parmi les grands Libellulidae.
On le rencontre en Indonésie, Nouvelle-Guinée, aux Iles Salomon et en Australie où il occupe essentiellement le nord du Territoire du Nord et les régions côtières du Queensland.
Nous n’avons pas rencontré de femelle isolée, à moins que l’une d’elle ne nous ait survolé, mais il est tout même difficile de sexer la plupart des odonates en vol ! C’est plus facile quand les odonates sont en tandem, et c’est la seule photo de femelle que j’ai pu réaliser. C’est une prise très recadrée, à contre-jour, mais elle permet tout de même d’observer la masse des œufs à l’extrémité de l’abdomen de cette femelle en ponte.
Le livre de Ian Endersby (1) explique l’étymologie du nom bien singulier de cet odonate :
– Hydrobasileus est constitué de 2 mots grecs, hydro pour eau et le second signifiant roi, mais rien n’explique cette étymologie dans la description originale. On ne sait pas pourquoi il n’est que roi alors que d’autres sont empereurs 🧐
– brevistylus des mots latins brevis signifiant court et stilus pour stylet. Là, Brauer nous donne l’explication : »Appendicibus feminae brevissimis, nigra » … et oui, en 1865 on continuait parfois à utiliser le Latin comme une langue internationale parmi les scientifiques. En François, Brauer exprime que les appendices anaux de la femelle sont très courts et noirs.
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.