Gynacantha nourlangie est un des 2 Gynacantha présents dans le Territoire du Nord. Il se distingue facilement de G. dobsoni par sa coloration terne, ses yeux bruns, parfois très clairs avec le flash. Et le flash est presque toujours nécessaire pour le photographier puisqu’il se plaît dans les grottes et les anfractuosités profondes, entre les rochers, et même sous les ponts, ce qui ne facilite pas le travail…
Ci-dessous Chris est justement en train de photographier un des 2 sujets que nous avons découverts sous ce pont. L’odonatologie est une activité dans laquelle, si on veut vraiment s’impliquer, il faut savoir se mouiller 😀.
Ils sont non seulement ternes, mais aussi mimétiques, car les roches sur lesquels ils se posent sont souvent brunes ou roussâtres et ils échappent aisément à un coup d’œil rapide.
Nous l’avons rencontré une dizaine de jours sur les 23 de notre prospection, mais je pense qu’en raison de son aptitude à se dissimuler, nous sommes certainement fréquemment passés près de lui sans soupçonner sa présence.
On note la constriction de son abdomen sur les premiers segments et ses longs appendices anaux. On remarque également l’angle assez aigu à la base des ailes postérieures du mâle (absent pour les femelles pour lesquelles l’aile est arrondie) ; c’est un détail intéressant pour distinguer mâles et femelles, car la lame supra anale, très fine, n’est pas facile à distinguer si la vue n’est pas de dos ou de profil strict.
Les femelles Cave Duskhawker, sont les copies conformes des mâles quant à l’aspect général, mais évidemment les appendices anaux sont très différents ; il faut bien que ces femelles justifient leur appartenance au genre Gynacantha (voir plus bas l’étymologie du genre)
Noter la base de l’aile postérieure droite de la femelle ci-dessous à gauche, très arrondie.
Ce n’est qu’en visualisant les photos sur l’ordinateur que j’ai constaté que cette femelle est parasitée ; c’est sans certitude, mais il me semble que ce sont des diptères, peut-être du genre Forcipomyia. Comme la plupart des parasites des odonates, ils se nourrissent de l’hémolymphe (le « sang » des odonates ») qui circule dans les nervures des ailes (que les anglo-saxons appellent fort justement des veins)
Si l’on arrive à se déplacer lentement entre ces blocs de rochers, dans l’ombre, les Gynacantha nourlangie ne sont pas farouches et même les éclairs de flash ne les effarouchent pas.
Le terme Gynacantha (1) a été créé par Rambur à partir de 2 mots grecs : Gyna pour femelle et canta pour épine, car les femelles de ce genre portent 2 épines à l’extrémité du 10° segment, ce qu’on voit très bien quelques photos plus haut.
Nourlangie est tout simplement une référence géographique à Nourlangie Creek, dans Arnhem Land (Territoire du Nord).
C’est une espèce certainement commune et largement répandue dans le nord de l’Australie ; nord de l’Australie-Occidentale, nord du Territoire du Nord et du Queensland.
IUCN Red List
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.