Diplacodes trivialis est un Libellulidae très commun en Asie et je l’y ai très souvent rencontré (voir la page Asie).
J’ai pourtant remarqué un détail qui est quasiment absent sur les sujets asiatiques que j’ai observés ; la tache basale très claire que l’on constate sur les ailes postérieures du sujet ci-dessus. Elle est à peine visible pour 2 sujets des nombreuses photos des 6 pays où je l’avais déjà rencontré. Et on peut la découvrir ici, en Australie, même sur des sujets immatures.
Les mâles matures sont presque entièrement bleus, couverts de pruine. Immatures, ils sont très différents, avec des marques noires sur un fond jaune clair. D’ailleurs, à cet âge, ils sont parfois confondus avec Orthetrum sabina, cependant nettement plus grand (50 mm contre 31 pour Diplacodes trivialis).
À gauche ci-dessous, encore un jeune mâle aux yeux étonnamment rouges.
À droite, ce jeune mâle prend sa livrée d’adulte avec son thorax bleuissant. On remarque, encore une fois pour les Diplacodes, la finesse de la nervation, les larges ailes qui encadrent ce petit thorax et cette grosse tête.
Diplacodes trivialis mâle, Australie (NT), Jabiru Lake, 28/04/2022
On le rencontre sur les mares, les fossés, les endroits peu profonds et végétalisés, des pièces d’eau plus importantes, il n’est pas difficile.
En Australie, sa distribution le confine au nord et à l’est, mais il reste côtier : nord du Territoire du Nord, et toute la côte du Queensland. Plus globalement, on le rencontre de l’Inde au Japon, jusqu’en Australie.
Les jeunes femelles sont, en couleur et motif, et à distance, les copies des mâles immatures ; seuls organes génitaux externes permettent de les différencier, en particulier les appendices anaux, et l’implantation écartée des cercoïdes pour ces femelles.
Celle de droite, ci-dessous, essaie d’imiter un mâle en se couvrant de cette pulvérulence bleutée qu’on appelle pruine, terme qui vient du latin pruina signifiant givre, qui évoque cette poussière cireuse bleutée, que l’on retrouve par exemple sur les… prunes (aucun rapport étymologique d’après mes maigres connaissances).
Ci-dessous, une jeune femelle, dont les parties inférieures du thorax et de l’abdomen sont décorées de petites boules rouges ; même si cette photo a été faite en décembre, ce n’est pas pour préparer Noël, elle est simplement victime d’une infestation de parasites, des hydracariens, sans doute du genre Arrenurus.
Pour Diplacodes, il n’y a pas d’explication dans la description originale du genre ; du grec diplax « double », et odes « semblable à ». Peut-être en référence au prothorax bilobé du Sympetrum, car diplax a longtemps été utilisé comme synonyme de Sympetrum. Et Kirby qui a créé le genre trouvait sans doute que les odonates de ce genre ressemblaient aux Diplax de l’époque, c’est-à-dire à nos Sympetrum (ils ont le même nombre d’anténodales), qui est surtout vrai pour les Diplacodes rouges…
Trivialis, qui signifie commun ou vulgaire, est bien compréhensible quand on sait qu’on le rencontre souvent et en nombre, de l’Asie à l’Australie.