Diplacodes bipunctata est un petit Libellulidae, 28 mm en moyenne, très commun dans le Territoire du Nord et en Australie-Occidentale. En fait, il est très commun en Australie, à peu près partout, et nous l’avons rencontré au moins sur la moitié des jours de prospection. Il s’adapte à différents environnements et on le trouve aussi bien sur les mares, les billabongs, les fossés ou les rivières.
Mâles et femelles arborent un motif bien reconnaissable sur l’abdomen ; les segments 4 à 7 (ou 8) portent sur leur face supérieure et latéralement des points apicaux, et parfois proximaux, noirs, séparés par une discrète ligne sombre, bien que cette dernière ait tendance à disparaître chez les sujets matures. Les marques noires semblent tout de même variables en fonction des sujets, et pas seulement en fonction de leur degré de maturité.
Mâles et femelles portent également une marque noire sur la face latérale du thorax, au-dessus du métastigmate ; ce point est certainement un élément d’identification, mais il n’est pas forcément facile à voir sur les sujets mâles matures, il est beaucoup plus contrasté sur les mâles immatures et les femelles. Ce critère nous rappelle bien sûr celui de notre Sympetrum meridionale, et d’ailleurs leur habitus peut faire penser aux Sympetrum.
Ils apparaissent avec différentes teintes de rouge, sans que cela soit véritablement lié à leur âge. Ainsi le mâle ci-dessus qui paraît âgé montre-t-il une coloration assez terne, comme le plus jeune au-dessus.
Ci-contre, à gauche, il est vraiment rouge vif.
Bien sûr, les mâles immatures sont proches des femelles pour leur coloration globale et par leur forme sont biens conformes aux mâles matures…
… Mais j’ai été très étonné, en refaisant le tri sur l’ordinateur, en vérifiant les identifications, de constater comme les femelles sont plus élégantes et plus longues ; elles semblent plus minces, ce qui est rarement le cas dans la mesure où les masses ovariennes ont tendance à épaissir leur abdomen, et elles apparaissent presque toujours plus larges et plus lourdes chez les Libellulidae.
Diplacodes bipunctata femelle, Australie (NT), Mataranka Thermal Springs, 18/04/2022
Les femelles matures se teintent également de rouge, restant cependant très ternes, et les motifs noirs deviennent moins visibles, moins évidents à apercevoir sur le terrain.
Si le Red Percher Dragonfly est commun en Australie, il a aussi une large distribution en Australasie et Océanie, depuis les iles Mariannes, les Moluques, la Nouvelle-Zélande, les iles Salomon, la Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Calédonie et jusqu’à la Polynésie Française.
La scène ci-dessous a été observée sur un billagong, terme spécifiquement australien pour décrire « une étendue d’eau constituée d’un méandre mort qui se forme généralement quand le cours d’une rivière change. » Je n’ai pas observé le début de l’action, je ne sais pas si la Dolomedes a capturé le Diplacodes, ou si, plus vraisemblablement, il était tombé à l’eau. Quoi qu’il en soit, son sort est scellé…
Diplacodes ; il n’y a pas d’explication dans la description originale du genre, du grec diplax « double », et odes « semblable à ». Peut-être référence au prothorax bilobé du Sympetrum, car diplax a longtemps été utilisé comme synonyme de Sympetrum. Et Kirby qui a créé le genre trouvait sans doute que les odonates de ce genre ressemblaient aux Diplax de l’époque, c’est-à-dire à nos Sympetrum (ils ont le même nombre d’anténodales).
Bipunctata ; de bi signifiant deux, et punctum pour point auquel est ajouté le suffixe atum, « garni de… ». Comme je l’ai déjà mentionné, le thorax se pare de chaque côté d’un point noir, au-dessus du métastigmate qui apparaît noir également, d’où l’impression de 2 points noirs sur la face latérale du thorax.
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.