C’est dans une forêt claire, à quelques dizaines de mètres d’une rivière qui s’étalait en large étang, Parry Creek, que j’ai découvert cet Austrogynacantha heterogena (Aeshnidae). L’endroit était envahi de moustiques, insupportable, et nous avons dû rebrousser chemin une première fois, pour chercher notre répulsif.
D’autres gêneurs ont eu le bon goût de ne pas se manifester. Et c’est en se reculant un peu en forêt que nous étions mieux placés pour surprendre les odonates 😉
Malheureusement sa position, en plus à contre-jour, ne permettait pas de multiplier les angles de prise de vue. Et toutes mes photos sont mal exposées.
C’est le seul individu de cette espèce que nous rencontrerons et je ne connais rien de son comportement, si ce n’est qu’elle est censée, comme de nombreux Aeshnidae, être crépusculaire ; son nom local est Australian duskhawker. Sa longueur totale est de 60 mm.
Son originalité est qu’elle est la seule espèce de son genre (monotypique).
L’espèce est répandue dans toute l’Australie, sauf l’extrême Sud-Est. On la trouve également en Nouvelle-Calédonie.
IUCN Red List
Austrogynacantha : Austro (du latin Auster), pour sud. Gynacantha est formé de 2 mots grecs signifiant « femelle ou femme » et « épine » soulignant l‘épine que l’on observe sous le 10° segment abdominal des femelles des espèces de ce genre (ou plus exactement du genre Gynacantha pour Selys, comme on va le voir plus loin).
Heterogena vient d’un mot grec signifiant d’une sorte ou d’une race différente. Car lorsque Selys a décrit l’espèce sous le nom de Gynacantha heterogena depuis une unique femelle de sa collection, sa petite talle, ses marques différentes et sa coloration lui semblaient bien exiger la création d’un nouveau genre ; cependant ce n’est pas le mode de fonctionnement de Selys de créer un nouveau genre à partir d’une unique femelle qui présentait finalement tous les caractères essentiels pour faire partie des Gynacantha (1).
De retour en Australie, mais cette fois-ci au Queensland, prenant mon petit-déjeuner sous le parking du Motel (nos expéditions sont cheap), j’ai eu la surprise de découvrir un Anax qui m’a tout d’abord paru mort, posé dans une des alvéoles de ce muret. Je ne sais pas pourquoi il s’est laissé saisir si facilement, il s’est très mollement débattu quand je l’ai saisi.
Nous avons fait quelques photos « en main » et je l’ai posé sur la haie qui séparait le parking de la rue.
La photo ci-dessus, à droite, est très intéressante, car elle permet de voir le pore génital de ce mâle. C’est en effet une singularité des odonates que de produire le sperme sous le 9° segment et de l’utiliser sous le second !
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.