Austroagrion exclamationis est un tout petit Coenagrionidae de moins de 25 mm, aux couleurs vives, qui passe facilement inaperçu, d’autant qu’il aime à se tenir sur les nénuphars à distance de la rive. Il se distingue des 2 autres Austroagrion que nous aurions pu rencontrer par le dessin noir caractéristique des 2 derniers segments, où la coloration occupe environ la moitié de la longueur.
Son nom vernaculaire explicite sa distribution en Australie, il est appelé Northern Billabongfly. Les « billabongs » en langue aborigène sont des méandres morts, et ont l’apparence d’une mare ou d’un marais pérenne. Ce sont des sites de choix pour les crocodiles et même si je n’en ai pas rencontré, la consigne était de rester prudent… 2 photos ci-dessus sont faites sur le site Marlow Lagoon, espace typique de l’endroit où l’on trouve ce petit odonate. Mais on le trouve également sur parties calmes des ruisseaux.
Mais il n’est pas limité au Territoire du Nord puisqu’on le rencontre aussi en Nouvelle-Guinée.
Austroagrion est un composé du latin Auster, pour sud, comme dans austral ou… Australie, et de agrion, du grec Agrios- sauvage, vivant dans les champs. C’est un Agrion du Sud.
Exclamationis, du latin exclamatio pour exclamation, en référence selon Campion au dessin de forme de « ! » du 3° segment abdominal. Je ne le trouve pas tellement différent du S4, ou du S5, et ce même dessin en Europe, porté par exemple par Enallagma cyathigerum est plutôt assimilé à une « torpille », mais il est vrai qu’ici la base est vraiment resserrée.
Si nous l’avons rencontré 13 jours sur les 24 de nos prospections, je n’ai vu qu’une seule femelle, sur laquelle on retrouve les mêmes motifs thoraciques et les torpilles étranglées présentes sur la face dorsale de l’abdomen du mâle.
Finalement, 5 mois après avoir rédigé ces lignes, j’ai retrouvé dans mes photos une autre femelle, vue sans aucun mâle. Elle est bien caractéristique avec son pronotum montrant un lobe central triangulaire et ses 2 petites gouttes colorées latérales.
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird Publishing 2015