Agriocnemis pygmaea, le Pygmy wisp en anglais, est minuscule, il mesure dans les 20 mm et se dissimule facilement dans les herbes ; quand on le perd des yeux, il est souvent difficile à retrouver, même avec les 4 paires d’yeux de notre équipe.
On l’identifie à ses 3 derniers segments rouges, mais surtout à ses appendices anaux courts, en crochet, ce que l’on voit à peu près correctement sur la photo ci-dessous. Ceci pour le séparer de A. dobsoni, ceux de A. rubricauda sont plus longs et convergents à leur extrémité. Mais on peut aussi s’aider du fait que ses ptérostigmas aux ailes antérieures sont jaunâtres (ceux des postérieures sombres), alors que ceux de A. dobsoni sont tous sombres, et ceux de A. rubricauda tous jaunâtres.
Il se plait dans les herbes, en bordure de mares, de marais ou même de ruisseau ou de rivières lentes.
Ils peuvent être parasités par des acariens, mais c’est la première fois que je vois un si petit zygoptère parasité par un diptère, sans doute un Ceratopogonidae du genre Forcipomyia. J’avais observé ce parasitisme sur un zygoptère, en Malaisie, sur un Chlorocyphidae.
Je me demande d’ailleurs si ce diptère n’est pas lui-même parasité par des hydracariens (points noirs sur le côté gauche du diptère)…
En restant simple, les femelles non matures sont spectaculairement rouges, elles deviennent androchromes (vertes et noires) et … sont rarement vues, en dehors des accouplements ; elles sont alors difficiles à identifier avec certitude. Je ne sais pas comment on peut les séparer des femelles A. dobsoni ou rubricauda, quand ces dernières ne sont pas trop âgées, si ce n’est par la forme du bord postérieur du pronotum, concave en avant pour Agriocnemis pygmaea, comme on le constate ci-dessous :
Mais si ces femelles rouges sont dites immatures, cela ne les empêche pas pour autant de s’accoupler, mais elles sont beaucoup moins souvent choisies par les mâles (1).
La bande antéhumérale bleutée (comme les taches postoculaires) apporte certainement un élément d’identification secondaire, car j’avais déjà remarqué ce caractère en Asie (ici au Vietnam).
Étymologie
Agriocnemis, du grec Agrios- sauvage, vivant dans les champs et Knemis – jambière ou legging, comme pour nos Platycnemis Européens. D’ailleurs Selys croyait les genres étroitement proches au regard des tibias, ce que je ne constate absolument pas. Ceux des Agriocnemis ne me semblent pas plus larges que ceux des autres Coenagrion. Mais « cnemis » dans beaucoup de noms composés de genre doit plutôt être compris comme « faisant partie des Coenagrionidae ».
L’origine du nom d’espèce (2) pygmaea est évidente et Rambur débute en latin sa description en insistant sur sa très petite taille.
C’est une espèce distribuée dans le sud-ouest, le centre, le sud et le sud-est de l’Asie, le nord et l’est de l’Australie et les îles Salomon, soit une aire gigantesque, de l’Iran et Oman à l’extrême sud-est de l’Australie.
Je l’avais déjà rencontrée au Laos, au Vietnam et en Inde (Rajasthan).
– 1- Ontogenic colour change, survival, and mating in the damselfly Agriocnemis pygmaea Rambur (Insecta: Odonata), Shantanu Joshi,Deepa Agashe, Royal Entomological Society, avril 2020.
-2- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird Publishing 2015