Agriocnemis dobsoni, Tropical wisp, est une double surprise : ce n’est qu’en triant les photos, revenu en France, que je me suis rendu compte de la longueur des appendices anaux de ce sujet, qui ne collait pas avec la liste des espèces que nous avions validées. Et nous ne l’avions pas cherché, car il n’est pas censé être présent dans le Northern Territory, mais il est connu dans l’état voisin à l’Est, le Queensland.
Je n’ai pas réussi à accéder à la description originale de Fraser, je ne connais pas sa taille exacte, mais il est certainement très proche de A. pygmaea, soit à peine plus de 20 mm ; cela donne donc une idée de la taille des appendices anaux et permet de comprendre pourquoi, sur le terrain, on ne remarque pas toujours ces différences.
Il se plait sur les mares et marais, mais nous l’avons photographié sur un ruisseau paresseux, envahi sur ses rives de végétation basse. Avec un peu d’habitude, les habitats de ces petits « lutins » sont assez faciles à identifier.
Sur le terrain, j’ai fait la même erreur pour les femelles et j’ai cru avoir affaire à A. pygmaea (ici au Vietnam).
Mais si on regarde attentivement la forme du pronotum il n’y a pas de doute : « la partie centrale du lobe postérieur du pronotum est une large languette, déprimée en son centre, avec en avant un étroit lobe redressé. »
Agriocnemis, du grec Agrios- sauvage, vivant dans les champs et Knemis – jambière ou legging, comme pour nos Platycnemis Européens. D’ailleurs Selys croyait les genres étroitement proches au regard des tibias, ce que je ne constate absolument pas. Ceux des Agriocnemis ne me semblent pas plus larges que ceux des autres Coenagrion. Mais « cnemis » dans beaucoup de noms composés de genre doit plutôt être compris comme « faisant partie des Coenagrionidae ».
Pour dobsoni l’explication est plus simple ; R. Dobson, de Sydney, a collecté des insectes aquatiques entre 1948 et 1958 et les a confiés à Frederic Fraser, qui lui a ainsi rendu hommage (1).
Il est endémique d’Australie, et s’il n’y a pas d’erreur sur son identification, l’endroit où nous l’avons trouvé est loin de ses sites connus ; d’après l’IUCN, où il est classé comme « presque menacé », on ne le rencontrerait que dans le Queensland, entre Townsville et Cairn.
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird Publishing 2015