Si on rencontre souvent des odonates aux ailes abimées, le plus souvent il s’agit d’encoche, de déchirures partielles, avec ou sans disparition d’une partie de l’aile. On voit aussi des amputations partielles, ou totales, et qui de façon étonnante ne semble pas trop nuire à la qualité de vol.
Mais il s’agit toujours d’actions mécaniques (prédateurs, accidents de vol…) qui ont pour résultat de couper les nervures.
Ici, c’est autre chose, très certainement un accident apparu dès l’émergence ; je ne dis pas que c’est l’émergence qui est responsable de cette malformation, mais de manière presque certaine, on aurait pu la constater dès l’émergence. Soit, comme cela arrive parfois, l’aile est restée coincée dans le fourreau alaire alors que le reste de l’aile commençait son expansion, soit c’est une agénésie et le développement de cette partie de l’aile s’était arrêté au stade embryonnaire.
L’aile à son extrémité a pris un aspect de « plastique brûlé » formant une masse cicatricielle, qui en tout cas évite la fuite de l’hémolymphe ; les nervures sont en effet des tuyaux creux véhiculant l’hémolymphe (le terme anglais vein est bien mieux adapté) et il m’est arrivé d’observer des émergences sur lesquelles une aile « cassée » laissait fuir l’hémolymphe (le « sang » des odonates), translucide de couleur jaunâtre ou verdâtre, par les grosses nervures du bord costal.