Je fais tous les ans au moins un tour sur cet étang forestier à plus une heure de route afin d’y retrouver la petite population de Sympetrum danae qui y a étonnamment élu domicile. En progressant le long de la berge sous le couvert des arbres, j’ai vu se poser ce tandem à quelques mètres devant moi, sur une branche au-dessus de l’eau. Arriver à photographier un tandem est encore plus rare que de fixer un accouplement : si l’accouplement est bref, généralement uniquement aérien, les partenaires se séparent aussitôt et il n’y a normalement pas de formation en tandem. C’est d’ailleurs la première fois que j’en observe un. Dérangé sans doute par mon approche le couple s’est déplacé d’un mètre avant de tenter de s’accoupler.
La tentative n’est pas concluante et la femelle s’est laissée pendre sous le mâle : la scène a duré 10 secondes depuis la première photo, d’où le manque de netteté des clichés.
La scène se répète de supports en supports, à chaque fois un petit bond de quelques mètres, à peine, sans jamais parvenir à assurer un accouplement qui dure au moins quelques secondes. Quelque chose semble gêner le couple qui se déplace à chaque tentative ratée.
Ce n’est que sur l’écran de l’ordinateur que j’ai compris, en partie, le problème. Comme on le voit ci-dessous, le pore génital de la femelle, est obstrué, occupé par quelque chose que je ne peux pas identifier. On distingue très bien la lame vulvaire perpendiculaire à l’abdomen et à sa gauche une masse inidentifiable. Je ne pense pas que les œufs aient ni cet aspect ni cette couleur. Mais cette substance empêche certainement l’appariement des pièces génitales et en tout cas l’introduction de l’appareil génital mâle.
Ils essaieront encore une fois, ayant encore changé de support. Sans plus de succès, bien sûr.
Et lassés sans doute par leurs efforts et par ma présence insistante ils se sont séparés et ont disparu en une seconde…
Il faut dire que je me suis approché vraiment très près et c’est l’occasion d’observer comment le mâle cramponne la femelle ; les cercoïdes ont disparu derrière la tête de la femelle, entre les 2 yeux, tandis que la lame supra-anale prend un contre-appui entre les 2 yeux et sur le front, par devant.
Bonjour, je viens de découvrir votre blog. Bravo pour ces magnifiques photos !
Je me demandais si la femelle n’avait pas émasculé le mâle… Est-il possible que soit l’appareil génital du mâle qui est coincé dans la lame vulvaire ?
Christian.
Bonjour,
Je ne pense pas que si le mâle avait été émasculé il se prêterait volontiers à ces acrobaties. D’autant qu’un couple qui se pose en tandem n’est pas ordinaire ; on voit parfois cette espèce se poser, mais les partenaires sont accouplés, pas en tandem. C’est que déjà ils n’ont pas réussi à s’accoupler en vol.
Je n’ai jamais entendu parler de mâle castré par une femelle, en tout cas chez les odonates 🙂
Benoît.
Une série de photos rares et très intéressantes… dommage pour eux et pour nous quant au fin mot de l histoire !