Voici quelques photos très rapprochées de l’émergence de ce mâle Epitheca bimaculata.
28 minutes après que la cuticule a été fendue voici l’aspect de l’aile postérieure, encore complètement ratatinée, ayant un peu un aspect de villosité intestinale…
L’aile antérieure, juste au-dessus, a encore moins évolué. Le fil blanc est bien sûr une trachée respiratoire.
La future libellule est toujours tête en bas et c’est l’occasion d’identifier les pièces buccales qui ne sont normalement pas visibles. Il faut imaginer que l’émergence est une explosion, que la pression de l’hémolymphe est très importante et toutes les pièces mobiles repliées ont tendance à s’ouvrir, à se déplier, exactement comme l’appareil génital secondaire apparaît expulsé à l’extérieur pendant cette phase, comme on va le voir plus bas.
On voit très bien, en cliquant sur la photo les incisives à l’extrémité de la mandibule, les molaires restant cachées plus à l’intérieur.
Les maxilles dotées de palpes sensitifs et de parties fortement acérées et sclérifiées participent à la capture de la proie et à la mastication.
Le labrum est assimilé grossièrement à la lèvre supérieure et le labium à la lèvre inférieure, il faut bien garder à l’esprit que la libellule a toujours la tête en bas à cet instant.
Comme dit plus haut, les organes génitaux secondaires sont expulsés de la fosse génitale sous le 2° segment abdominal par la pression de l’hémolymphe et on voit très distinctement les 4 segments (S1 à S4) du pénis ou vésicule séminale, selon les auteurs. À l’extrémité du 3° segment on aperçoit l’orifice d’une valve qui permet au mâle de remplir sa vésicule séminale de son sperme en une gymnastique abouchant le 9° segment (là où il est produit) de son abdomen au second (là où il est utilisé) et ceci généralement après la capture de la femelle (ici la scène pour Enallagma cyathigerum) !
Les hamuli antérieurs sont des hameçons, des crampons qui assurent la cohésion des pièces génitales mâles et femelles pendant l’accouplement (hamulus suffirait sans doute, il n’y a pas d’hamulus postérieur pour Epitheca).
La cornua à l’extrémité du pénis est un flagelle qui permet au mâle de déplacer et repousser au loin dans la spermathèque de la femelle le sperme des mâles qui se sont précédemment accouplés avec elle de façon à maximiser ses chances d’avoir une descendance.
La ligula a pour rôle de permettre l’intromission du pénis en s’introduisant entre les valvules de l’ovipositeur de la femelle et de soutenir la vésicule séminale pendant le remplissage de la spermathèque de la femelle (1).
Lorsque la libellule émergente se redresse la tête de l’exuvie à laquelle sont accrochées les pattes du sujet émergent devient bien visible. À gauche on voit comme l’exuvie est fendue à la base de l’œil pour permettre la sortie de la tête, premier élément à apparaître. On remarque les fourreaux des antennes et les dents du masque.
L’évolution des yeux est considérable entre la seconde photo et celle-ci ; il s’est écoulé 26 minutes. On distingue les yeux élémentaires ou ommatidies, plus faciles à voir dans la partie supérieure de l’œil, car plus larges. Ceci répond à des fonctions différentes et on trouvera des détails sur la vision des odonates sur cette page et les précédentes.
-1- Functional Morphology and Evolution of the Male Secondary Copulatory Apparatus of the Anisoptera (Insecta: Odonata), Hans Klaus Pfau, Zoologica, Volume 156, 2011.