La formation d’un tandem en vue d’un accouplement passe par la capture de la femelle par le mâle. Pour ce faire, il utilise ses appendices anaux à l’extrémité de l’abdomen, et vient crocheter avec ses cercoïdes et ses cerques (appendices anaux respectivement supérieurs et inférieurs), chez les zygoptères, le pronotum de la femelle ou l’espace situé entre le pronotum et le thorax. Pour être plus précis les cercoïdes viennent enserrer la zone de contact entre le prothorax et le mésothorax, juste en arrière et en avant du bord postérieur du pronotum.
Quant aux cerques, ils prennent un contre-appui sur le pronotum.
Pour Pyrrhosoma nymphula femelle, je n’ai pas de bonne photo qui montre correctement les structures du pronotum, car il est très sombre. On le voit par contre très bien chez les sujets émergents et cette structure ne se modifie pas avec l’âge une fois l’émergence accomplie.
Les appendices anaux supérieurs du mâle, les cercoïdes, sont très largement bifides, ou même plutôt constitués de deux branches, l’une supérieure, l’autre inférieure.
Les appendices anaux inférieurs, les cerques, sont plus simples.
J’ai colorisé sur la photo ci-dessous les parties intervenant dans la capture. Et j’ai d’ailleurs été très surpris de parvenir à observer la branche inférieure du cercoïde qui prend appui sur un replat de la partie médiane du pronotum alors que le cerque s’appuie encore en avant dans un sillon qui précède le rebord antérieur.
On note aussi la présence de soies denses sur les appendices anaux ; elles interviennent certainement en tant qu’organe tactile pour guider la capture, car évidemment la scène se déroule à l’aveugle.
Je dois remercier ici l’entomologiste Vénézuélien Jürg Demarmels qui lisant une première version de cette page a corrigé une erreur : lorsque j’ai aperçu sur ma photo la branche inférieure du cercoïde, j’ai cru qu’elle appartenait au cerque ce qui me semblait confirmé par sa position (voir la photo des appendices anaux) et par la consultation de plusieurs ouvrages montrant des dessins de ces appendices comme le Guide des Libellules de France et d’Europe – K.-D.B. Dijkstra ou The Dragonflies of Europe – R.R. Askew, dont je montre le schéma ci-dessous :
Jürg Demarmels m’a orienté vers une de ses nombreuses publications relatives aux odonates : Study of Chromagrion Needham, 1903, Hesperagrion Calvert, 1902, and Zoniagrion Kennedy,1917: three monotypic North American damselfly genera with uncertain generic relationships (Zygoptera: Coenagrionidae), Jürg Demarmels, Odonatologica 31(2): 139-150, June I, 2002, dans laquelle on trouve un dessin bien plus explicite. Il m’a autorisé à en extraire ce dessin :
Il serait intéressant de savoir si cette branche inférieure du cercoïde est articulée avec la supérieure et dotée, peut-être, d’une musculature propre qui lui permettrait de se refermer sur la branche supérieure pour parfaire la prise…