Sur cette page, lorsque je parle des sacs aériens des libellules, j’entends ceux que l’on peut voir à travers la cuticule des odonates sous forme d’espaces cloisonnés. Il en existe d’autres, profonds, qui participent à la respiration trachéale, ce qui n’est pas le cas de ces sacs visibles à travers la transparence de la cuticule.
Le 20 septembre 2008, j’ai eu la chance d’observer un mâle Aeshna mixta dans mon jardin, posé sur une ronce. J’ai fait de nombreuses photos, car il s’est montré très patient, en plein soleil, à midi. J’ai pu m’approcher comme on s’approche rarement des Aeshnidae, mais il s’est envolé quelques secondes après celle-ci :
Ce n’est qu’en 2012 que j’ai fait attention à cette photo et l’ai montrée sur le forum Le Monde des Insectes.
Si on clique sur la photo, on voit très nettement ce qui ressemble à des gouttes de condensation à l’intérieur de ces sacs aériens ! Très étonnant, mais voit-on souvent les sacs aériens si bien délimités et de si près ? J’imagine que si leur délimitation est si visible, c’est justement à cause de l’humidité ; pulvérisez de l’eau sur un verre dépoli, il paraît beaucoup plus transparent /translucide.
Pourquoi, s’il s’agit de condensation, ne semble-t-il y avoir des gouttes que dans un des sacs et en particulier sur une cloison d’un des sacs ?
La condensation se produit quand de l’air humide est au contact d’une paroi plus froide que lui. Il se serait produit un effet de serre, l’air chaud et humide contenu dans ce sac se serait condensé au contact de la cuticule plus froide. Ce n’est guère convaincant d’imaginer une telle différence de température entre les deux milieux…
Cependant, c’est certainement le rôle majeur de ces sacs aériens que d’isoler thermiquement la libellule et ses muscles thoraciques de la chaleur, mais aussi du froid, car on connaît bien son extrême sensibilité au froid et son besoin de chaleur pour voler.
L’origine de ces gouttes reste pour moi un mystère.
D’autres rôles ou utilités sont attribués aux sacs aériens et l’observation montre qu’ils sont parfois enfoncés, comme la carrosserie d’une voiture, et comme pour cette dernière, les dégâts mineurs n’affectent pas ses capacités à poursuivre une activité normale ; un rôle… d’airbag donc.
On lit parfois qu’ils amélioreraient la sustentation des libellules par un effet « montgolfière », l’air chaud contenu dans les sacs étant plus léger que l’air ambiant. J’ai bien du mal à penser que l’air pourrait être si chaud dans les sacs aériens qu’il jouerait un rôle de ballon sans nuire gravement au métabolisme de la libellule ; il faudrait aussi que l’air se dilate et que le volume des sacs aériens augmente sensiblement ce qui n’a jamais été observé.