2 brèves rencontres avec Trithemis hecate, un très élégant Libellulidae d’environ 40 mm. Son abdomen est très fin, sombre, noir, avec parfois quelques très fines raies jaunes, le thorax est bleu, les yeux rouges très sombres avec la base bleutée, le front porte une tache bleue métallisée. Les ptérostigmas sont jaune clair.
C’est un des 5 Trithemis namibiens bleus et on peut, pour moi, le confondre avec Trithemis donaldsoni ou Trithemis aconita. Le premier est nettement plus clair et massif, mais le second est très ressemblant. Cependant, Trithemis aconita montre de nettes lignes jaunes sur l’abdomen qui ne disparaissent pas complètement quand il vieillit, ses ptérostigmas sont brun foncé, il porte 10 à 12 1/2 anténodales contre 8 1/2 à 9 1/2 pour Trithemis hecate (voir la dernière photo de la page sur laquelle on voit bien ces veines transverses anténodales).
Évidemment l’idéal est de comparer les genitalia, et ici l’hameçon est trapu, alors qu’il est long pour T. aconita ou encore plus long pour T. donaldsoni :
Il est classique de trouver les femelles dans les arbres, parfois loin de l’eau. Je n’étais pas certain de leur identification, mais elles ont été confirmées par K.-D. Dijkstra. Le pattern thoracique, pas toujours facile à distinguer en raison de leur position ailes tombantes (Dropwing), associé à la finesse de l’abdomen, semble caractéristique.
Si en Afrique du Sud l’espèce apprécie les mares et les lacs aux rives plantées de roseaux, en Namibie, elle fréquente les bras morts de rivières (qui forment des mares !) ou les sections marécageuses de ces rivières, comme le Zambèze ou l’Okavango.
Noter les ptérostigmas clairs.
C’est une espèce répandue dans l’est et le sud de l’Afrique, qui atteint cependant le Sénégal à travers le Tchad, le Nigeria et le sud du Mali. De façon étonnante, l’espèce est assez largement répandue jusqu’à l’Atlantique dans le nord de la Namibie.
IUCN Red List
Ci-dessous le Silhouette Dropwing 🙂 On lui compte 8 1/2 nervures transverses anténodales.
Étymologie (1)
Trithemis, du grec signifiant trois et de Themis. Themis n’a jamais été un nom de libellule à part entière. Il a été établi comme élément dans les noms de genres de libellules par Hagen (1861), lorsqu’il a dû nommer de nombreux nouveaux genres nord-américains. Son modèle était les noms en –etrum suggérés, pour les nouveaux genres de libellules, par Newman (1833) (par exemple Orthetrum, voir p. 113). Mais comme les noms d’espèces adjectivaux s’ils étaient transférés de Libellula, à un genre en –etrum, devaient être changés de genre en neutre, Hagen a évité de tels changements en choisissant l’élément féminin –themis comme deuxième partie des nouveaux noms (voir Hagen 1888), signifiant simplement « genre de libellule ». Il a probablement été inspiré dans son choix par des noms de dieux, dans la nomenclature comme Nehalennia ou Cora.
Themis est un excellent choix, c’est la déesse de la justice et de l’ordre, ce qui s’applique très bien à une classification.
Son nom d’espèce évoque Hecate, déesse de la magie et des spectres, peut-être en raison de sa couleur sombre et du fait qu’à quelque distance, elle n’apparaît que comme une silhouette sur fond clair (d’où un de ses noms anglais de Silhouette Dropwing).
1- Heinrich Fliedner, 2021 – The scientific names of Ris’ odonate taxa – Journal of the International Dragonfly Fund
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