C’est en visitant un village Mursi dans la Tarma Wild life reserve, dans une région semi désertique, que j’ai eu la surprise de trouver 3 Trithemis dejouxi (Stonewash Dropwing) postés sur les rameaux les plus hauts de la clôture qui encerclait le hameau de huttes.
Il fait partie des 8 Trithemis éthiopiens et est très proche de Trithemis donaldsoni dont il se distingue par (1) :
– une très légère et diffuse teinte ambrée sur les ailes (plus visible sur la 4° photo)
– un labrum marqué de noir alors que celui de T. donaldsoni est clair
– ses marques jaunes sur l’abdomen
– les hamuli (bien visible sur la 4° photo) plus fortement courbés et la lamina plus nettement bifide
– l’absence de marques blanches sous l’abdomen
– sa pruinosité est bleue plus foncé que celle de T. donaldsoni
Il est tellement proche de T. donaldsi qu’il a d’abord été considéré comme une sous espèce et ce n’est qu’en 2001 que O’Neill & Paulson ont trouvé suffisamment de différences pour en faire une espèce à part entière.
On remarque bien sûr une petite masse rouge fixée à l’abdomen de ce sujet; c’est un parasite, un hydracarien terrestre, qui se nourrit de l’hémolymphe de l’odonate, sans doute Leptus sp. de la famille des Erythraeidae. J’ai eu peu l’occasion de rencontrer au cours de mes pérégrinations odonatologiques si ce n’est sur ce Lestes sponsa en France ou ce Ceriagrion fallax au Vietnam.
Il y avait aussi 2 sujets plus jeunes, pas encore couverts de pruine, et dont les marques jaunes étaient bien visibles. Ces identifications ont été confirmées par K.-D. Dijkstra.
Ils ont un aspect tellement différent de leurs aînés que j’ai bien sûr pensé avoir affaire à une autre espèce.
250 km plus au nord, de bon matin sur la rive du lac Langano, je suis arrivé un tout petit peu trop tard (7 heures 20) pour assister aux émergences de ce mâle et de cette femelle. On remarque d’ailleurs que le mâle est encore sur le rameau qui a servi de support à la larve, l’exuvie présente en témoigne. La femelle quand à elle avait déjà réalisé son vol inaugural et se trouvait à quelques mètres de la rive, dans des arbustes à 2 mètres du sol.
Son nom d’espèce est un hommage à Claude Dejoux, entomologiste français spécialiste des hydro-systèmes continentaux qui a fournit à E. Pinhey des sujets qui ont conduit ce dernier à créer la sous-espèce Trithemis donaldsi dejouxi (2).
Il est sensé se trouver sur les rivières plutôt rapides en milieu ouvert.
On le rencontre en Afrique de l’Ouest sur une ligne horizontale de la Guinée à la république Centre Afrique, et à l’Est en Ethiopie, avec sans doute des données à combler dans le hiatus.
-1- An annotated list of Odonata collected in Ghana in 1997, a checklist of Ghana Odonata, and comments on West African Odonates biodiversity and biogeography, Odonatologica, March 2001, G. O’Neill & D. R. Paulson.
-2- Comparative notes on an African species of Trithemis Bauer (Odonata: Libellulidae) and its congener, Arnoldia, vol. 8, 6 février 1977.
Cet article fait partie des odonates observés en Éthiopie, pour revenir à la page des Odonates d’Éthiopie cliquer ici.