L’identification doit séparer L. dryas de L. sponsa, son plus proche cousin.
Le critère absolu pour différencier Lestes sponsa et Lestes dryas mâles, quelque soit l’âge de l’individu, reste la forme des appendices anaux qui sont assez courts, spatulés à leur extrémité et recourbés vers l’intérieur pour L. dryas. Ceux de L. sponsa sont plus longs et droits.
Pour les mâles adultes et pruineux, la pruinosité de Lestes dryas doit respecter le dernier tiers du 2° segment abdominal. Mais attention c’est parfois le cas pour L. sponsa. Dans ce cas les limites de la pruinosité sont moins nettes, comme floues.
Pour les Lestes dryas émergents, jeunes et non encore pruineux, le lobe latéral du pronotum est recouvert de coloration métallique, ce qui n’est pas le cas de L. sponsa. Ceci pour les mâles et les femelles.
La forme de la tache portée par l’infra épisterne mésothoracique, c’est à dire la zone située juste au dessus de la coxa (la hanche) de la patte moyenne; si elle est bien individualisée elle indique Lestes sponsa (♂ & ♀). Si elle est confondue avec le reste de la coloration c’est sans doute Lestes dryas, mais attention certains Lestes sponsa sont limites sur ce détail, d’autant plus qu’ils sont âgés.
D’autres critères sont difficiles à apprécier sur le terrain, sans comparaison ou sans capture, notamment la couleur des yeux des mâles matures, bien difficile à décrire, unique pour L. dryas. Un bleu profond qu’il est sans doute le seul de nos odonates européens à présenter.
Difficile également à apprécier sur photo sans capture est la forme de la coloration métallique sur le 1° segment abdominal qui prend la forme de 2 rectangles juxtaposés pour L. dryas alors que l’on décrit 2 triangles pour L. sponsa (♂ & ♀).
Il faut une bonne habitude pour apprécier la forme et la couleur des ptérostigmas de ces Lestes sur le terrain ; ceux de L. dryas sont plus sombres (un peu…), plus épais et plus courts que ceux de L. sponsa, ou en tout cas paraissent plus courts, car ils sont nettement (en tout cas beaucoup plus nettement que ceux de L. sponsa) bordés de zones claires de chaque côté pour les individus matures, mais ces zones claires s’estompent avec le vieillissement. Je n’ai pas de photo de L. sponsa avec des zones claires marquées aux 4 ptérostigmas, la plupart n’en ont pas.
On peut conclure qu’un Lestes pour lequel on hésite entre ces 2 espèces et qui n’a pas de zone claire entourant les ptérostigmas est très certainement un Lestes sponsa…
On note souvent pour les lestes dryas mâles ou femelles la présence d’une pointe thoracique colorée, presque à la façon de Chalcolestes viridis, ce qui est extrêmement rare pour L. sponsa (en tout cas je ne l’ai jamais vu).
Il est facile de différencier L. dryas de L. sponsa pour les sujets émergents grâce à un détail inattendu; les L. sponsa émergents, mâles ou femelles, montre une coloration orangée, presque façon soleil couchant(!), vraiment spectaculaire, sur les parties claires du thorax et de l’abdomen, d’ailleurs tout à fait en accord avec leurs yeux à ce stade.
On lit que pour différencier Lestes sponsa et Lestes dryas femelles, il faut examiner l’ovipositeur, celui de L. dryas dépassant le 10° segment abdominal; malheureusement c’est extrêmement rare et je n’ai qu’une photo ou l’on peut difficilement le constater. Mais il est certain que l’ovipositeur de L. dryas est en moyenne plus long que celui de L. sponsa.
Ci-dessous une femelle dont l’ovipositeur dépasse S10:
Malheureusement on en trouve comme celle-ci où l’ovipositeur ne répond pas à la norme… :
Il faut donc retenir que lorsque l’ovipositeur dépasse le S10 c’est L. dryas, mais s’il est plus court ce n’est pas forcément L. sponsa…
Quand à l’écaille vulvaire qu’on voit ici très bien, triangulaire à pointe distale, qui prend naissance sur l’ovipositeur à la jonction du 8° et du 9° segment et qu’on dit différente entre les femelles L. sponsa et L. dryas, je n’ai jamais réussi à lui trouver une forme suffisamment constante au sein d’une même espèce pour en tirer une quelconque indication pour affirmer une identification…
Enfin, il peut être utile de vérifier l’aspect de la suture humérale ; elle est généralement très discrète pour L. dryas, plus large et nettement soulignée d’une coloration claire pour L. sponsa, comme on le constate facilement ci-dessous.
Connais-tu cette excellente série de planches (libres de droit d’ailleurs sous licence Creative Commons by) : https://www.artsdatabanken.no/Pages/133473
Non, je ne connaissais pas, merci.
Très bonne explication. Merci beaucoup de partager ton expérience et tes connaissances.