Nous avons rencontré ce premier mâle Ceriagrion fallax sur une toute petite mare de Pia Oac, une mare entièrement recouverte de lentilles d’eau comme on le verra plus bas. Il partageait l’espace avec l’étonnant Atratothemis reelsi et le splendide Triogomphus carus.
Les anglo-saxons le nomment Black-tailed marsh dart.
J’avais déjà fait des photos de mâles et femelles en Malaisie, apparemment une autre sous-espèce, mais je ne vois rien qui les différencie… Les mâles mesurent au moins 35 mm au total.
J’ai passé peu de temps à les photographier sur cette petite mare, car Atratothemis reelsi retenait nos efforts. Mais les efforts de ponte de ces couples sont également à souligner pour parvenir à pondre à l’écart de ces lentilles d’eau !
Mais le plus étonnant parmi ces couples en ponte est cette femelle qui porte deux parasites assez volumineux, pas de ceux que nous sommes communément habitués à voir sur les zygoptères en Europe. Il s’agit vraisemblablement d’un hydracarien terrestre de la famille des Erythraeidae, et du genre Leptus, qui se nourrit de l’hémolymphe de l’odonate.
Je l’ai rencontré sur Lestes sponsa en France et sur Trithemis dejouxi en Éthiopie.
La localisation sur la tête est étonnante, car on les voit plutôt sur ou plutôt sous le thorax ou l’abdomen.
Son aire de distribution est très importante, depuis l’est de l’Inde jusqu’à Taïwan en passant par les provinces du sud de la Chine et au sud jusqu’en Malaisie péninsulaire (mais pas Singapour). IUCN Red List.
Étymologie
Dans Ceriagrion, on retrouve le classique Agrion créé par Fabricius (1775) pour désigner tous les Zygoptères et qui vient d’un mot grec signifiant sauvage, sans doute pour indiquer, d’après Fliedner (2006), qu’on trouve ces insectes dans les champs et non dans un environnement domestique.
La première partie du nom de genre vient d’un mot latin, cerinus, signifiant couleur cire, en rapport, selon (1) avec la coloration jaunâtre ou verdâtre. Personnellement, je pense qu’il s’agit, plutôt que d’une question de couleur, d’une notion de texture ; pour moi, c’est réellement l’aspect cireux du thorax qui a été retenu pour désigner le genre.
Fallax, du latin fallax qui signifie trompeur, mensonger, fallacieux. Dans la préface d’une publication de 1941, Ris écrit qu’il a, par erreur, l’année précédente, décrit un sujet de cette espèce comme Ceriagrion melanurum (2). On lui pardonne aisément en regardant cette photo de C. melanurum sur iNaturalist !
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.
-2- Heinrich Fliedner, 2021 – The scientific names of Ris’ odonate taxa – Journal of the International Dragonfly Fund