Panama – Erythemis plebeja (Burmeister, 1839)

Cela a été pour moi la seule rencontre avec ces Erythemis plebeja, ou Pin-tailed Pondhawk à Ammo ponds, le 31 août 2012, tout près du canal. Ils partageaient le terrain avec de très nombreux autres odonates comme de nombreux Orthemis peruviana, Erythemis mithroides, Erythemis attala, Dythemis sterilis, Erythrodiplax kimminsi…
Le genre Erythemis présente une grande variation de coloration ; noirs, rouges, bleus ou verts. Ils ont en commun de porter 3 ou 4 très fortes épines sur les fémurs des pattes postérieures.
Ceci permet leur étonnante voracité traduite par le « Pondhawk » de leur nom de genre Anglo-Saxon. Ils consomment des proies aussi grandes qu’eux.

Ils se plaisent sur les mares, les lacs, les canaux fournis en végétation émergente, les rivières à courant lent.
Il mesure environ 45 mm.
Son aire de distribution s’étend du Texas et de la Floride à l’Argentine.
IUCN Red List

Les mâles matures sont presque complètement noirs et peuvent être confondus avec Erythemis attala ; mais ce dernier montre un abdomen beaucoup plus large et une tache alaire basale plus étendue. Les mâles immatures et les femelles présentent une alternance de taches claires et sombre sur l’abdomen, de la même façon que leurs équivalents E. attala (ici, une femelle E. attala). Encore une fois, la finesse de l’abdomen écarte toute confusion, en constatant également la dilatation des premiers segments de l’abdomen, qui s’étrangle au-delà.

P. de Marco, A.O. Latini & P.H.E. Ribeiro ont décrit un comportement très intéressant lors d’une étude comportemental de cette espèce (1). Après une « classique » capture en vol de la femelle, l’accouplement se poursuit posé pour une minute environ. Puis le mâle, abandonnant la femelle posée, se rend sur le site de ponte et simule cette ponte, donnant de bref coups d’abdomen, touchant l’eau parfois. Puis il retourne près de la femelle, va à son contact, et ils volent tous les deux jusqu’au site de ponte, où la femelle commence à pondre sous la surveillance du mâle. Ce comportement avait déjà été observé pour Perithemis tenera.
Il arrive de temps en temps que le mâle soit capturé par des grenouilles lors de cette examination du site ; les auteurs n’expliquent pas ce comportement qui semble altruiste. Mais finalement, n’est-ce pas pour le mâle qui se met en péril, une façon de s’assurer que la femelle trouvera un site sans danger et que sa descendance pourra être assurée…
Cette observation faite sur une mare au Brésil (avec une forte population de Rana catesbaeana) a également montré que l’espèce n’était présente que de 10 heures à 16 heures, ce qui est étonnant, car la température avant, ou après est tout à fait correcte pour les activités de ces odonates.

Je n’ai pas rencontré de femelle au Panama, mais une au Mexique et d’autres au Brésil. On remarque bien sûr la similitude des taches claires entre ces femelles et le mâle immature.

Erythemis (Hagen, 1861) (2) du grec e̍rythrós, rouge et de Themis. Il faut supposer que si Hagen a choisi Themis, – déesse grecque de l’ordre et de la justice, c’est à la fois pour respecter la « mode » qui consistait à donner un nom en rapport avec la mythologie, très en vogue à cette époque, et parce qu’elle est particulièrement bien adaptée à la taxonomie, science qui vise à décrire et ordonner et classer les familles, genres et espèces. Quant au qualificatif « rouge », il s’explique par le fait que Hagen a inclus dans ce nouveau genre trois espèces dont l’abdomen des mâles est rouge ou ferrugineux.
Plebeja, du latin plebeius, signifiant –plébéien, du peuple, de la plèbe. Plusieurs explications sont proposées pour expliquer cette étymologie ; sa couleur sombre rappellerait les vêtements du bas peuple… mais Burmeister n’a-t-il pas seulement voulu signaler que l’espèce est très commune (2) ?

1- P. de Marco, A.O. Latini & P.H.E. Ribeiro, Behavioural ecology of Erythemis plebeja (Burmeister) at a small pond in southeastern
Brazil (Anisoptera: Libellulidae), Odonatologica31(3) : 305-312, September 1, 2002.
2- The Scientific Names of North American Dragonflies, Heinrich Fliedner, Ian Endersby – Busybird Publishing 2019

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