Description – Identification
Sympetrum striolatum, le Sympetrum strié est une autre star des photos de naturalistes, et il est en effet très commun.
Il mesure 35 à 44 mm et comme tous les Sympetrum, il montre 6 1/2 à 8 1/2 nervures anténodales sur l’aile antérieure, ce qui le différencie du genre Orthetrum ou Crocothemis.
Le thorax des mâles montre 2 bandes jaunes encadrant une bande rouge, séparées par des sutures noires bien marquées. Les pattes sont sombres ou noires avec une strie claire sur leur face postérieure. L’abdomen est cylindrique, rouge terne, avec, dans 99% des cas, des taches sombres sur les segments 8 et 9. Les ailes sont hyalines à nervation sombre.
On peut le confondre avec Sympetrum meridionale, qui a des pattes dominées de jaune, le thorax avec des sutures thoraciques peu marquées sans cette alternance de couleurs caractéristiques et un point noir sur la face latérale au-dessus du stigmate métathoracique, sans marque noire sur les derniers segments, avec, quand ils ne sont pas trop âgés des veines cubitales dorées.
Il est parfois difficile à différencier de Sympetrum vulgatum ; cependant ce dernier montre une forte larme noire le long des yeux, des couleurs nettement moins contrastées sur le thorax, un abdomen plus rouge, moins cylindrique, plus dilaté distalement. Il faut néanmoins être prudent et la localisation peut souvent aider à l’éliminer.
Les femelles matures portent, entre des sutures noires marquées, une alternance de couleurs jaune/rouge/jaune sur le thorax, mais les couleurs sont plus ternes que celles des mâles, voire très peu contrastées, surtout en fin de saison. Les pattes sont sombres (attention aux reflets – en fin de saison, elles sont plus brunes que noires) striées de clair postérieurement, l’abdomen est brun (ligné de rouge sur la carène dorsale pour les femelles âgées, c’est un critère) avec des marques noires dorsales sur les segments 7 et 8, et des traits latéraux variables, mais toujours présents. La lame vulvaire est (normalement) peu saillante (attention aux femelles, en fin de saison, qui ont beaucoup pondu, comme celle présentée ici).
On peut difficilement les confondre avec S. meridionale, très jaunes, qui montrent des pattes dominées de jaune, des sutures thoraciques très discrètes sur un thorax brun uniforme, et un point thoracique. Leur lame vulvaire est à peine visible, elles ont en principe des nervures cubitales dorées.
On peut sans doute les prendre, quand elles sont toutes 2 jeunes, pour de femelles S. vulgatum, mais ces dernières ont de fortes larmes le long des yeux et une lame vulvaire perpendiculaire à l’abdomen, très visible.
Les immatures des 2 sexes sont très ressemblants, globalement brun clair à thorax jaune, les pattes sont très visiblement rayées de clair, sans larme noire le long des yeux. Les critères structuraux caractéristiques de l’espèce sont déjà présents.
Biotope – Distribution géographique
Le Sympetrum striolatum est l’odonate responsable de mon addiction aux libellules ; c’est la première émergence que j’ai observée et photographiée sur le bassin de mon jardin. C’est donc un colonisateur que se plaît sur une grande variété d’eaux stagnantes, mare, étangs, ballastières, et même parfois sur des eaux très faiblement courantes.
C’est essentiellement un odonate de plaine, même si un record est enregistré à 2500 m.
En France, il est présent dans tous les départements.
Il est très commun à l’ouest et au centre de l’Europe, du sud du Maghreb au Royaume uni à l’ouest, du sud de la Scandinavie à la Turquie. Plus à l’est, à travers l’Iran et l’Asie centrale où il est très parsemé, il atteint la Mongolie, la Corée et le Japon.
Atlas dynamique des Odonates de France
IUCN Red List
Comportement – Biologie
Les mâles sont territoriaux et se plaisent à surveiller leur territoire perché sur un rameau.
L’accouplement facilement observé dure 10 à 15 minutes et le couple part aussitôt pondre au-dessus de l’eau ou même de zones provisoirement exondées, la femelle donnant des coups d’abdomen pour larguer ses œufs. On les approche alors sans difficulté au point qu’il arrive que l’appareil photo puisse saisir les œufs en vol ! Comme souvent chez les Sympetrum, le mâle se lasse et la ponte peut se terminer en solo, le mâle en surveillance, ou non.
En fonction de la date de ponte, les œufs éclosent en quelques semaines ou attendent le printemps suivant (diapause). La phase larvaire a donc une durée très variable.
L’espèce est d’ailleurs bivoltine dans le sud de son aire et capable d’hiverner pour les sujets nés tardivement. Des individus volant en février ont été signalés par mon ami Pierre Juliand en Ardèche.
C’est en effet l’espèce qui disparaît le plus tard en saison, et en automne (dans le Maine-et-Loire, un sujet a été signalé en janvier 2011), on les trouve perchés sur les rochers, les bois ou les feuilles sombres à la recherche de chaleur.
Période de vol
C’est l’odonate qui a la plus longue période de vol, car c’est celui qui disparaît le plus tard.
C’est l’odonate des records ; dans le sud de son aire on peut l’apercevoir fin avril si les conditions sont exceptionnels, mais c’est en principe un Sympetrum d’été et il n’est vraiment abondant que de la mi-juillet à la mi-septembre. Et s’il semble encore abondant plus tard, c’est surtout qu’il est facilement remarqué,les autres odonates se raréfiant.
Étymologie
Sympetrum, du grec Sym-piézein, « compressé » et etron, « abdomen ». Newmann (1833) qui a créé le genre croyait, de façon erronée, que c’était une caractéristique du genre, ce qui est étonnant, car ce n’était déjà pas vrai pour toutes les espèces connues à l’époque.
Striolatum vient du latin striatus pour rayé, mais rien dans la description originale ne permet de savoir à quoi cet adjectif s’applique. Les pattes sont rayées de clair, le thorax montre 3 raies de couleur. Jean-Yves Cordier dans la partie de son blog consacré à la Zoonymie des Odonates penche pour les pattes, car ce caractère est plus discret et que striatus est ici utilisé dans la forme atténuée de striolatus.