Orthetrum brunneum (Fonscolombe, 1837)

Orthetrum brunneum femelle, Sort-en-Chalosse (France-40), 04/07/2020
Orthetrum brunneum femelle, Sort-en-Chalosse (France-40), 04/07/2020
Description – Identification

Autant l’avouer tout de suite, le mâle mature de l’Orthetrum brunneum n’est pas brun, mais bleu !
Il mesure 41 à 49 mm de longueur totale, il est bleu pour le thorax et l’abdomen, qui est aplati, sa face est claire avec des yeux bleu porcelaine, ses pattes presque noires, ses ptérostigmas assez courts sont jaunes.
On ne peut vraiment le confondre qu’avec Orthetrum coerulescens (les autres Orthetrum sont noirs sur les derniers segments abdominaux et ont des ptérostigmas noirs) et la différenciation est parfois délicate si on ne voit pas correctement la nervation ou la face : sauf dans le sud de la France le thorax de ce dernier est brun (souvent bleu « sale » dans le sud), les ptérostigmas de l’Orthétrum brun (c’est son nom français) sont plus courts (difficile à apprécier si on n’a pas l’habitude), sa face est claire (brune pour son cousin), il a 4 à 9 cellules dédoublées au-dessus de la nervure Radiale supplémentaire alors que l’Orthetrum bleuissant en montre souvent peu, parfois aucune et rarement jusqu’à 5. Ce dernier est aussi plus petit.

Les femelles sont brunes ou jaune-brun, la face est claire avec des yeux gris-bleu, rarement surmontés de brun, le thorax porte deux bandes transverses claires, l’abdomen est large avec une expansion ventrale sous le S8 et il est marqué de points de part et d’autre de la ligne médiane sombre de la face dorsale.
On peut confondre les femelles avec celles de Crocothemis erythraea : cette dernière ne montre pas ces points pairs sur un abdomen très large, n’a pas d’expansion ventrale sous S8, elle présente un ovipositeur très saillant, montre une zone claire entre les insertions alaires, et ne porte du gris que sur la partie postérieure de ses yeux.
Mais elles sont surtout très proches des femelles O. coerulescens et elles sont très difficiles à séparer sur photo : la nervation est essentielle et on se basera sur les mêmes critères que pour les mâles. Les femelles O. coerulescens exhibent aussi des traits qui barrent la ligne noire longitudinale de l’abdomen, plutôt que des points pour sa cousine. Il est plus difficile de les séparer par la couleur de la face, même si celle de O. brunneum est en principe plus claire.

Orthetrum brunneum femelle, Lugan (France-81), 10/07/2022
Orthetrum brunneum femelle, Lugan (France-81), 10/07/2022
Habitat – Distribution géographique

Il accepte une grande variété de milieux ; les petites rivières, les ruisseaux (première photo), les fossés, les drains, mais aussi les eaux stagnantes, mares ou étangs d’irrigation (photo de la femelle), pourvus que les berges ne soient pas trop envahies de végétation.
Il est présent dans tout le sud-ouest de l’Europe (Southern skimmer, en anglais), absent du Royaume-Uni et de la Scandinavie. Il atteint le sud du Maghreb, il est de plus en plus rare en allant vers l’est, à travers la Turquie, l’Iran, le Pakistan, jusqu’en Mongolie, l’est de la Chine et en Corée.
Il a été observé à plus de 2800 m.
Atlas dynamique des Odonates de France
IUCN Red List

Comportement – Biologie

Les mâles se tiennent au sol ou se perchent bas près de l’eau, on peut trouver mâles et femelles ensemble sans qu’il n’y ait de comportement reproducteur. L’accouplement est bref, moins de 5 minutes, le mâle capturant la femelle en vol avant de se poser sur le sol ou dans la végétation. La ponte s’ensuit, souvent sous la surveillance du mâle, la femelle tapotant la surface de l’extrémité de son abdomen, projetant des gouttes d’eau avec ses œufs ; les expansions ventrales de son S8 sont sans doute là à cet effet.
La phase larvaire compte 10 ou 11 stades et dure 2 à 3 ans.

Période de vol

De fin avril à début novembre avec un pic d’activité en plein été, surtout en juillet.

Étymologie

Orthetrum (1) vient de 2 mots grecs, orthos signifiant droit  et etron  – abdomen -, ceci pour signifier que les côtés de l’abdomen sont parallèles. Ce nom de genre créé par Newman en 1833 a perdu sa pertinence avec la découverte de nouvelles espèces, mais le nom est resté.
Brunneum vient du latin tardif brunneus qui signifie brun… mais si on lit la description originale de Fonscolombe dans les Annales de la Société Entomologique de France (tome 6, 1837, page 141) l’auteur précise qu’il l’a « prise nouvellement née » et bien sûr les Orthetrum brunneum immatures ont la couleur des femelles non pruineuses soit brun / jaune. CQFD. C’est donc un piège pour les néophytes, piège repris dans le nom français, au même titre que Libellula fulva qui a donné Libellule fauve en français, pour décrire une espèce qui est bleue pour l’abdomen.

-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird Publishing 2015
-2- Le Blog de Jean-Yves Cordier

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