Calopteryx virgo (Linnaeus, 1758)

Calopteryx virgo mâle, sur le Veynon (F-58120), 02/06/2023
Calopteryx virgo mâle, sur le Veynon (F-58120), 02/06/2023

Calopteryx virgo est un de nos 4 Calopterygidae Français, le seul à montrer une aile entièrement colorée.

Description – Identification

Les mâles ont des teintes vert métallique ou bleu métallique en fonction de l’incidence de la lumière, l’aile de la même teinte, presque aussi longue que l’abdomen est très élargie en son milieu et présente une nervation très dense. La coloration respecte seulement la partie la plus proximale de l’aile (s’atténue parfois à l’apex), avec des variations subspécifiques. Il n’y a pas de ptérostigma. Les pattes sont noires, comme la partie supérieure de l’œil, donnant un aspect de bille d’acier. Il mesure 45 à 49 mm.
On peut confondre le Caloptéryx vierge avec :
Calopteryx spendens, mais la partie colorée de son aile respecte largement la base et dans une moindre mesure l’apex de l’aile.
Calopteryx xanthostoma pour lequel la base de l’aile n’est pas colorée, mais se poursuit jusqu’à l’apex.

Les femelles sont plus variables, vertes comme les mâles, elles deviennent plus ternes avec des reflets bronze. Leur aile n’est jamais verte, mais très variablement ambrée, plus large que celle des autres espèces. Elles portent un pseudo ptérostigma, relativement eloigné de l’apex de l’aile. Plus de la moitié ou les 3/4 antérieurs de la suture métapleurale présentent une coloration jaunâtre (1) (coloration en « point d’exclamation » pour C. splendens, complète pour C. xanthostoma).
La coloration alaire est très variable en intensité et elles sont souvent difficiles à séparer des Calopteryx splendens et xanthostoma sans une bonne vue de profil strict, sans capture, ou sans mesurer le ratio des distances pseudoptérostigma-nodus/ pseudoptérostigma apex (inférieur à 4 pour C. virgo).

Calopteryx virgo femelle, sur le Veynon (F-58120), 02/06/2023
Calopteryx virgo femelle, sur le Veynon (F-58120), 02/06/2023

On distingue au moins 2 formes (très mal qualifiées de sous-espèces), l’une au nord d’une ligne Nantes-Genève, C. virgo virgo avec la base de l’aile presque entièrement colorée et l’apex éclairci sur quelques mm. L’autre, C. virgo meridionalis, sudiste, montrant une courte zone hyaline à la base de l’aile, mais un apex complètement coloré (2).

Habitat et distribution géographique

C’est principalement une espèce de petite rivière peu profonde ou de ruisseau à fond sableux comportant des zones d’ombre et peu de végétation flottante. On peut le rencontrer avec ses autres cousins, mais il tolère beaucoup mieux l’ombre, les courants rapides et l’altitude. Comme C. splendens, il aime les zones ou l’eau est oxygénée et le courant agité par des pierres ou des cailloux qui brisent l’écoulement.

En France, on peut le rencontrer partout, sous une forme ou une autre.
Atlas dynamique des Odonates de France
Il est bien présent en Europe de l’Ouest, sauf au nord de la Grande-Bretagne et des pays Scandinaves et dans le sud de l’Espagne. Il est très rare au nord de l’Afrique du Nord.
Il devient rare à l’est d’une ligne imaginaire joignant la Finlande à la Grèce.
IUCN Red List

Période de vol

On observe Calopteryx virgo en France d’avril à septembre, mais la période où il est le plus commun s’étend sur les mois de juin et juillet.

Comportement – Écologie

Les mâles territoriaux, perchés sur la végétation de la berge ou dans les arbres, ouvrent ferment leurs ailes de temps en temps pour signaler leur présence à un autre mâle et fondent sur les femelles, parfois en groupe, en file indienne, si l’une apparaît pour pondre. Occasionnellement pourtant, mâles et femelles sont posés côte à côte, sans que l’appétit sexuel des mâles ne se réveille. Les femelles sont le plus souvent posées à l’écart, dans les arbres.
Comme C. splendens, il pratique un vol nuptial, voletant devant la femelle pour la séduire. L’accouplement dure quelques minutes, posé dans la végétation. Rapidement après, la femelle se pose sur les plantes flottantes pour insérer ses œufs dans les tiges sous la surface.
Ils éclosent en 6 à 9 semaines, la phase larvaire dure une ou deux années en fonction de l’altitude et de la latitude.
De très nombreux détails d’histoire naturelle sont donnés par Paul-André Robert (3).

Calopteryx virgo, parade nuptiale, sur le Veynon (F-58120), 02/06/2023

Calopteryx virgo parade nuptiale, sur le Veynon (F-58120), 02/06/2023
Étymologie

Calopteryx, du grec kalos – belle et pteryx – aile pour insister sur les ailes spectaculairement colorées de ce genre.
Virgo, du latin virgo – jeune fille, vierge. Ce terme est un exemple de la féminité que l’on retrouve dans de nombreux noms populaires qui désignent les odonates comme « Demoiselle » en français, « Waterjuffer » ou « Demoiselle de l’eau » en hollandais, « Wasserjungfer » pour la même définition en allemand, « Damesfly » ou « Demoiselle » en anglais, etc… (4)

-1 A. MAIBACH. Révision systématique du genre Calopteryx Leach pour l’Europe occidentale (Zygoptera : Calopterygidae) 3 Révision systématique, étude bibliographique, désignation des types et clés de détermination. Odonatologica 16(2) : 145-174 – June 1, 1987.
2- Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg, Daniel Grand et Jean-Pierre Boudot, Parthénope, 2006.
3- Paul André Robert, Les Libellules, Delachaux et Niestlé, 1958.
4- Heinrich Fliedner, The scientific names of the Odonata in Burmeister’s ‘Handbuch der Entomologie’.

Retour en haut