Les odonates sont communément parasités par des hydracariens (acariens qui passent au moins une partie de leur vie dans l’eau), plus rarement par des diptères. On observe les premiers attachés au thorax, à l’abdomen ou aux ailes et ils appartiennent presque toujours au genre Arrenurus.
Les larves de ces ectoparasites se fixent sur les larves d’odonates à leur dernier stade alors qu’elles sont encore dans l’eau, venant très souvent s’abriter sous les fourreaux alaires. Ils sont alors en attente de l’émergence, pas encore réellement parasites.
Lors de l’émergence, dès que la face dorsale de la larve d’odonate apparaît hors de l’exuvie, elles quittent leur abri pour venir se fixer sur le thorax ou/et l’abdomen et devenir parasites se nourrissant de l’hémolymphe de leur hôte après avoir perforé la cuticule encore tendre grâce à un tube qu’elles sécrètent.
Lorsqu’elles sont gavées d’hémolymphe elles apparaissent sous forme de petites sphères aplaties de couleur verdâtre ou marron (ou rouge pour A. papillator) ; cette teinte leur est donnée par la coloration du caecum (intestin) tandis que la ligne claire que l’on voit très bien ci-dessus correspond à leur organe excréteur (uropore).
Devenus larves matures elles quitteront leur hôte lors d’une ponte (puisque dans la plupart des cas le mâle accompagne la femelle) et retourneront à l’eau pour poursuivre leur cycle de développement. Il est d’ailleurs remarquable que les études montrent que les femelles odonates sont plus souvent infestées que les mâles, celles-ci retournant plus souvent, plus longtemps à l’eau à l’occasion des pontes (2).
Cette dépendance à l’eau des hydracariens implique qu’en fonction de l’écologie spécifique des odonates on ne retrouvera pas les même espèces d’Arrenurus sur toutes les libellules. Le cas d’Arrenurus papillator en est un bon exemple ; capable de supporter dessication et diapause, c’est le parasite qui s’intéresse plus spécifiquement aux odonates qui pondent parfois hors de l’eau, dans des zones exondées, mais qui reviendront en eau à l’automne, comme les Sympetrum.
Cet Arrenurus papillator infeste communément les Lestes (L.macrostigma, L. barbarus, L. sponsa, L. dryas) qui, eux aussi, pondent hors de l’eau dans les tiges des végétaux ou sous les écorces.
La niche écologique de ce parasite se situe dans les eaux stagnantes temporaires ou vivent les larves de Lestes et de Sympetrum.
J’avais toujours fait l’erreur de croire que les odonates étaient infestés par des hydracariens adultes aussi quand j’ai fait les photos ci-dessous je n’ai pas compris qu’il s’agissait d’hydracariens ; en effet, et on le voit beaucoup mieux sur la dernière photo, ces parasites à la tête apparemment bien différenciée n’ont que 3 pattes et ils ne me semblaient donc pas pouvoir appartenir aux acariens qui sont hexapodes et de forme grossièrement sphérique !
Mais au stade larvaire ces Arrenurus (environ 0.25 mm) ne comptent que 3 paires de pattes et ce n’est qu’après leur retour à l’eau, après une dernière nymphose, qui altérera considérablement leur morphologie, que les nymphes ont 8 pattes.
Enfin, on ne rencontre jamais de parasites du genre Arrenurus sur les odonates vieillissant et il semble que les larves atteignent leur maturité à peu près au moment où les odonates commencent à s’accoupler : qui dit accouplement dit proximité de l’eau et ponte, et c’est l’occasion pour les larves des parasites de retourner à l’eau.
-(1)-Contribution à l’étude des Arrenuridae (Acari, Hydrachnellae) de France, par France Cassagne-Méjean, Acarologia
-(2)- Phoresy and parasitism : water mite larvae of the genus Arrenurus (Acari ; Hydrachnidia) on Odonata from Lake Binowskie (NW Poland), Andrzej Zawal, Biological lett. 2006, 43(2) : 257-276
Bonsoir. Chapeau à vous. Vous saviez bien attirer l’attention des lecteurs. Vous expliquer bien. En faite j’ai de petites questions à vous poser sur thrithemis annulata. Je sollicite vraiment votre attention. Veiller me répondre svp.
Bonjour,
Je vous ai répondu le jour où vous m’avez posé la question, à la suite de votre commentaire, ici : http://www.meslibellules.fr/blog/2019/07/04/ethiopie-trithemis-annulata/