Lorsque j’ai observé cette très jeune femelle sur le Canal du Bodon à Saint Brévin les Pins, je ne me suis pas tout de suite rendu compte que son aile postérieure gauche était aussi abimée. Aussi, pour mieux voir l’étendu des dégâts j’en ai fait le tour, et j’ai constaté l’importance de la malformation, certainement un problème lors de l’émergence comme cela arrive assez souvent.
Sur ce plan ci-dessous, on voit comme elle est jeune, avec ses ailes encore brillantes, mais déjà bien colorée ; une très jeune femelle qu’on ne peut plus qualifier d’émergente.
Je l’imaginais condamnée, incapable de parvenir à capturer des proies pour se nourrir.
J’ai pensé que mon insistance à vouloir faire des photos de son aile atrophiée avait eu raison de sa patience et elle a décollé sur quelques mètres.
Je l’ai suivie et la photo ci-dessous montre pourquoi elle a fait ce petit vol ; pas pour me fuir, mais pour capturer une proie qu’elle est déjà en train de savourer !
Cela signifie que son système nerveux de contrôle du vol est capable de prendre en compte cette grave anomalie et d’y remédier pour assurer un vol de qualité correcte ; on sait que les odonates sont capables de gérer indépendamment les mouvements de chaque aile.
Les observateurs sont souvent surpris de voir les performances de vol des odonates et leurs acrobaties avec 4 ailes ; ils sont aussi très doués avec les ailes vieillissantes, déchirées, rognées ou pliées, comme on les rencontre en fin de saison, ou même avec seulement 3 ailes, comme je l’avais constaté en Namibie sur un mâle Trithemis annulata.