J’avais déjà très brièvement rencontré Tholymis tillarga (Libellulidae) au Sri Lanka au bord d’un lac, de très bonne heure le matin, un couple en ponte, mais je n’avais pas pu faire de photos de l’insecte posé. Il est commun en Namibie, parfois abondant localement.
Il est très peu actif dans la journée, préférant l’aube ou la soirée, et se pose dans les arbustes, le plus souvent caché à l’ombre. D’ailleurs durant ces 12 jours de prospection, je n’en ai pas vu voler sauf ceux que nous avons dérangés.
Les mâles sont spectaculaires avec leurs taches alaires ambrées puis nuageuses, bien que le sujet ci-dessus n’ait que la moitié du décor !
En raison de cette coloration alaire, ils sont faciles à identifier, aucun autre odonate en Afrique ne porte ce type de motif.
C’est un migrant, mais il est permanent dans les zones tropicales, parfois en nombre comme dans les plaines inondées de l’Okavango ou chaque arbuste semblait en abriter un ou plusieurs. Mais il accepte les eaux lentiques, bassin, mares ou lacs.
Il mesure selon les sources 44 à 48 mm.
Pour l’origine du nom de genre, une explication assez peu satisfaisante est fournie dans Dragonflies and Damselflies of Namibia par Suhling et Martens. Tholymis viendrait des deux mots grecs thorax, pas besoin de traduction, et lygaios, pour ombragé ou sombre. Seulement ce sont plutôt les ailes qui semblent porter une zone sombre ou nuageuse.
Le nom d’espèce est une énigme, sans doute un nom propre, car il a d’abord été écrit avec une majuscule.
Les immatures sont, comme toujours, très différents des sujets matures et très ressemblants aux femelles, comme on le verra sur les « photos de groupe plus bas ».
Les femelles sont moins évidentes à identifier au premier coup d’œil parce qu’elles ne portent pas de vraies taches alaires, les deux ailes sont simplement fumées pour les sujets âgés.
Mais leurs yeux à double coloration, leur position et situation dans la végétation, et leur nervation caractéristique permettent de les identifier facilement.
Ces femelles ont un comportement très particulier et amusant lors de la ponte ce qui donne à l’espèce le nom anglais de Old World Twister : comme on le voit sur cette mauvaise photo, elles larguent leurs œufs dans l’eau d’un bref coup d’abdomen, comme bien d’autres espèces de Libellulidae ; mais aussitôt après elles effectuent un demi-tour sur place pour pondre à nouveau ou font encore un autre demi-tour avant de pondre dans la direction initiale, et ceci des dizaines de fois. Une danse vraiment étonnante !
Ci-dessous une très jeune femelle aux yeux encore très pâles dont les ailes encore brillantes accrochent un beau reflet doré :
Sa distribution géographique est gigantesque, toute l’Afrique sauf le nord, jusqu’au… Japon et au sud l’Australie.
IUCN Red List
C’est amusant de constater comme on les trouve parfois en nombre, exactement dans la même position :
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