J’ai plus l’habitude de rencontrer les Tramea en vol que posés et c’est un peu une surprise que d’avoir pu faire tant de photos de mâles et de femelles au repos. J’avais déjà rencontré Tramea basilaris au Rajasthan et en Éthiopie, mais toujours en vol.
C’est l’occasion d’admirer le port élancé de cet insecte et en particulier la forme artistique de ses appendices anaux élégamment courbés.
Pour peu que l’angle de vue soit correct, il est facile à identifier par le trou de serrure dans la coloration basale alaire, qui lui vaut en anglais le nom de Keyhole Glider. Il n’y a que 2 Tramea en Afrique et son cousin T. limbata, en plus d’un tache alaire différente, montre un front métallique et foncé.
Et à distance l’identification du genre est possible grâce à la position tout à fait particulière qu’ils adoptent, avec cette angulation entre le thorax et l’abomen
Ce contre-jour permet aussi d’apprécier la largeur de l’aile postérieure, à la façon des Pantala flavescens ; on le trouve parfois d’ailleurs mêlé à ce dernier volant inlassablement à quelques mètres du sol, se nourrissant d’insectes en vol.
Il mesure jusqu’à 50 mm avec une envergure d’environ 90 mm.
Les femelles présentent la même décoration alaire, et bien qu’elles soient d’une coloration plus commune, elles n’en sont pas moins magnifiques !
Leurs appendices anaux, plus simples que ceux des mâles, sont longs et rectilignes et ajoutent à l’impression de finesse.
Comme on le constate sur ces photos, ils ou elles aiment se percher à l’extrémité d’un rameau ou d’une branche de buisson de la savane.
On le rencontre en principe près des mares ou mares temporaires, cependant bien végétalisées. Mais certaines de ces femelles ont été contactées dans des endroits qui semblaient désertiques.
Quant à son aire de distribution, elle est gigantesque et on peut le rencontrer, sous des formes un peu différentes, depuis Madagascar jusqu’au Japon !
IUCN Red List
Étymologie
Dans sa version non publiée, Hagen avait décrit ce genre sous le nom de Trapezostigma (1), dont l’étymologie est assez évidente, de deux mots grecs, l’un signifiant trapèze et l’autre tache, se rapportant aux petits ptérostigmas en trapèze du genre. Mais dans la description du genre publiée en 1861, Hagen a réduit le nom à Tramea, ajoutant un jeu de mot avec le latin –trameare, qui signifie traverser, passer, en référence à son comportement vagabond.
Basilaris, du latin basilaris, traduit en français par –basilaire, qui appartient à la base, qui sert de base. Palisot de Beauvois (2) écrit : « LIBELLULE basilaire. Ailes transparentes ; large tache variée de roux et de jaune à la base des inférieures ; stigmates bruns). » Il ne connaissait sans doute pas Tramea carolina, décrit par Linné en 1763.
1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.
2- Palisot de Beauvois, A.M.F.J. (1805). Insectes recueillis en Afrique et en Amérique dans les royaumes d’Oware et de Bénin, à Saint-Domingue et dans les États-Unis, pendant les années, 1786-1797.
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