Description – Identification
Trithemis kirbyi un des Libellulidae les plus rouges qui soient (à peu près tout est rouge, même la nervation et les pattes), que l’on peut confondre avec C. erythraea, dont on le sépare par l’étendue de la tache alaire ambrée, la nervation rouge de veines antérieures, les petits ptérostigmas sombres. Il porte une petite tache noire sur S9 (à peine visible sur S8) et non une ligne noire accentuée sur les derniers segments comme le Crocothémis écarlate.
Brachythemis lacustris, non présent en France, est beaucoup plus proche, plus petit et plus trapu, mais très ressemblant… Sa tache alaire sur les ailes postérieures, plus large, atteint le nodus et ses ptérostigmas sont en principe bicolores (ils tendent à noircir chez les sujets un peu âgés).
Curieusement, et cela est d’ailleurs signalé dans Dragonflies ans Damselflies of Namibia, Frank Suhling & Andreas Martens, il est rare dans la bande de Caprivi et nous ne l’avons pas croisé dans cette région pourtant extrêmement riche.
Habitat – Biotope
Il tolère tout type d’habitat : les rivières, pas trop rapides, les fossés et les drains autant que les abreuvoirs, les étangs, les piscines et les mares temporaires, puisque sa larve peut se développer en moins de 50 jours.
Distribution géographique et présence en France
Et c’est certainement cette faculté à s’adapter à de très nombreux biotopes qui fait qu’après 3 saisons ou il a été signalé dans le sud de la France, la preuve de son autochtonie (provisoire ?) a été apportée par la découverte d’exuvies le 25 aout 2020, à Cambo-les-bains (Pyrénées-Atlantiques), par Bruno Jourdain (Première preuve de reproduction de Trithemis kirbyi en France). Mais il reste extrêmement rare en France, sa présence n’ayant été signalée que dans 3 autres départements français, non limitrophes (Aude, Ardèche et Gard), de ces émergences. Mon ami Régis KRIEG-JACQUIER en parle très en détail sur l’Atlas dynamique des Odonates de France.
Mais il pourrait progresser encore vers le nord à la faveur de vagues de chaleur ; il ne lui a fallu que 10 ans pour parcourir la péninsule ibérique, avec un premier signalement en 2007 en Espagne, et en France en 2017 (LPO Occitanie). Il a été observé à 2 reprises en Belgique en 2022 (Natuurpunt)!
Savoir si les larves sont capables de passer l’hiver dans le sud de la France est une autre question, car on peut sans doute supposer que la découverte, tard en saison, de ces individus et de ces exuvies, est due au fait que des individus adultes venus d’Espagne ont pondu dans ces bassins au début de l’été.
Son aire de distribution mondiale est gigantesque depuis les Comores, Madagascar et l’Afrique du Sud jusqu’au sud de la France à l’ouest, et à l’est jusqu’au Myanmar.
Cette distribution entraîne des variations géographiques, que certains hissent à la hauteur des sous-espèces, si tant est que ce terme puisse avoir une quelconque signification. On distingue la s.s.p. Trithemis kirbyi kirbyi, en Inde par exemple, alors qu’en Namibie, on trouve la s.s.p. Trithemis kirbyi ardens. La différence majeure est l’étendue de la coloration alaire légèrement plus restreinte pour T. kirbyi kirbyi (elle ne colore pas le triangle de l’aile antérieure, n’atteint que la 3° ou 4° veine transverse anténodale (Ax) sur l’aile postérieure).
Klaas-Douwe B. Dijkstra signale même qu’à Madagascar l’espèce n’a pas reçu de nom de sous-espèce particulier, mais que ses ptérostigmas sont rouges.
– IUCN Red List –
Étymologie
Trithemis est composé du préfixe tri, pour trois, sans doute parce que la marge postérieure du pronotum des espèces de ce genre est trilobé, et de Themis. Themis est la déesse de la loi divine, de l’ordre et de la justice. Mais pourquoi Themis ; certainement parce que d’autres noms de libellules comportaient des noms de dieux comme Echo ou Nehalennia, et quand Brauer a créé le genre Trithemis, la mode était toujours « à la mythologie ». Ce nom de déesse a été utilisé, selon Fliedner (2004), plus de 50 fois, pour nommer des odonates et ce n’est que justice car « étant la déesse de l’ordre, Themis est une très convenable patronne des taxinomistes ».
Son nom d’espèce kirbyi est un hommage à William Forsell Kirby, éminent spécialiste britannique des odonates de la fin du XIX° siècle.
En anglais, on le nomme Orange-winged dropwing, car c’est vrai, la coloration des bases des ailes est plus orange que rouge. Si les anglo-saxons le qualifient (comme tous les Trithemis) de dropwing, c’est que ce genre se pose, en général, avec les ailes plus basses que corps, tombées en avant. Ce n’est pas vraiment le cas de Trithemis kirbyi qui se pose au sol ou sur les rochers.
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Bien! Je l’ai observé en Sicile , proche de Raguse