Si j’ai finalement fait de nombreuses photos de Paragomphus sabicus (Gomphidae) c’est que nous sommes revenus plusieurs fois au même endroit, qui se trouvait très près de notre lodge à Rundu, au bord de l’Okavango. Dans cette prairie inondée par les crues, nous avons observé mâles et femelles, parfois de très près, et ils se sont montrés patients pour la dizaine de photographes qui les admiraient.
Ils sont faciles à identifier… a posteriori, car sur le terrain quand on rencontre 6 ou 8 Gomphidae différents dans la même journée, c’est une autre affaire.
On ne peut les confondre, bien sûr, qu’avec ceux qui présentent des expansions ventrales sur les derniers segments, c’est-à-dire tout de même Ictinogomphus ferox, Phyllogomphus selysi (non contacté), Paragomphus elpidius, Paragomphus genei, Paragomphus cognatus (non contacté) ; ici ces expansions sont vraiment spectaculaires et lui valent son nom commun anglais de Flapper Hooktail.
L’identification certaine est donnée par les cercoïdes divergents (2° photo), spectaculairement longs et fins, fortement recourbés en crochets et la forme de la lame anale. Et contrairement à P. elpidius ou P. genei son thorax n’est pas verdâtre. Il est aussi plus grand qu’eux avec une longueur totale de 53 mm.
Je suis très content de la photo ci-dessous qui semble pourtant assez bizarre pour la curieuse forme de la tête de ce sujet ; son attention a certainement été attirée par une proie qui passait au-dessus de lui. On constate ainsi que les yeux des Anisoptères sont bien plus hauts que larges… et d’ailleurs, ils sont divisés de telle sorte que leur moitié haute possède une fonction différente de leur moitié basse. Voir ces publications sur les yeux.
On note qu’ils aiment se percher à l’extrémité d’un rameau, d’une plante desséchée, à faible hauteur.
Il est connu pour se plaire sur les grands fleuves et en Namibie, il fréquente l’Okavango et le Zambèze ou il est parfois localement commun.
Les femelles portent également de fortes expansions ventrales et montrent un abdomen très massif avec un 7° segment très dilaté par rapport au mâle. Elles paraissent ainsi beaucoup plus courtes alors qu’au contraire leur abdomen (36 à 38 mm) peut être plus long que celui des mâles (36 mm).
C’est une grande espèce, spectaculaire et très agréable à regarder, avec une coloration fortement contrastée.
La vue arrière ci-dessous souligne la masse importante de son ovipositeur.
Le nom de genre souligne avec le préfixe grec para (à côté) qu’ils sont très étroitement liés aux Gomphus (Leach, 1815). Sabicus, car les sujets types ont été capturés dans la vallée de la Sabi au Zimbabwe.
C’est une espèce de l’Afrique de l’Est, du Kenya au Nord-Est de l’Afrique du Sud incluant Zambie et Zimbabwe qui s’aventure au Botswana et dans l’est de la Namibie.
IUCN Red List
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