J’avais déjà rencontré Hemistigma albipunctum (Libellulidae) en Afrique du Sud mais j’ai trouvé ici des sujets à des stades de maturation que je n’avais pas rencontré plus au Sud, et en octobre.
Je n’avais vu que des mâles âgés complètement pruineux, certainement moins spectaculaires que celui ci-dessus. Il est facile à identifier avec ses ptérostigmas bicolores et quand il est immature cette large bande jaune sur la face supérieure du thorax; il ne pourrait être confondu qu’avec Palpopleura deceptor pour les ptérostigmas bicolores mais ce dernier présente une bande sombre à la base de l’aile antérieure au niveau de la subcostale. Notons que mâle et femelle Hemistigma albipunctum portent de façon variable une bande sombre également dans l’espace sous costale, mais que celle-ci, quand elle est présente, n’atteint jamais la base de l’aile, ce qu’on voit bien ci-dessous.
La photo ci-dessus montre un mâle plus avancé et la bande claire thoracique supérieure commence à disparaître sous la pruinosité.
On voit parfaitement bien sur cette photo le front métallisé et le point blanc qu’il porte latéralement. Sur ce point (!) je me permets de ne pas être en accord avec Suhling et Martens dans Dragonflies and Damselflies of Namibia; pour moi ce point est la raison pour laquelle Rambur a appelé cette espèce (Libellula) albipunctum.
Il écrit dans Histoire Naturelle des Insectes : »Tête avec la face blanche, avec le front d’un bleu métallique verdâtre et un point blanc de chaque côté chez le mâle ».
Suhling et Martens donne l’étymologie albus/blanc et punctum/point mais qui se référerait à la partie blanche du ptérostigma…
Ce ne devait pas être non plus l’opinion de Kirby quand il a créé le genre Hemistigma (dont l’espèce type est albipunctum) sinon pourquoi aurait-il à nouveau rappelé que les ptérostigmas sont colorés différemment sur chaque moitié (Hemi – ptérostigma).
Son nom local est African Pied-spot, ce qu’on peut traduire par l’Africain aux taches pies (noir et blanc), qui souligne ses ptérostigmas bicolores.
Ci-dessus on voit bien la zone sombre de l’espace sous costal sur l’aile antérieure gauche alors qu’elle est absente de l’aile antérieure droite.
Très bizarrement les femelles que j’ai photographiées n’ont pas de taches alaires apicales alors que c’est un critère d’identification; il n’est jamais mentionné dans aucun des 5 livres que je possède que ces femelles peuvent en être dépourvues.
Elles ne semblent pourtant pas si jeune car la coloration abdominale et thoracique semble bien affirmée, comme celle de l’espace sous-costal… sauf sur la femelle ci-dessous qui en semble dépourvue.
Pour exemple voici une jeune femelle, pas encore bien colorée, prise en Afrique du Sud dont on voit déjà bien les taches alaires apicales.
Même cette femelle androchrome, couverte de pruine bleutée comme un mâle, en est dépourvue.
C’est une espèce très variable en taille, de 27 à 38 mm avec une envergure de 43 à 63 mm, qui apprécie les marais, mais comme souvent en Namibie on est près d’une rivière et les mares sont temporaires formées par les crues.
On le rencontre dans toute l’Afrique tropical, du Sénégal à l’Ethiopie au nord jusqu’à l’Afrique du Sud.
IUCN Red List
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