Le 5 juin 2018 sous un ciel très couvert nous parcourons à Pia Oac un sentier forestier à 1435 m d’altitude. A 2 ou 3 reprises et à quelques minutes d’intervalle (en fait entre 10 heures 39 et 10 heures 59) nous rencontrons 3 mâles Leptogomphus qui sur place ont dû être identifiés comme Leptogomphus elegans.
Tous les Leptogomphus que nous avons rencontrés se ressemblent et lors du tri des photos de retour en France, vu le nombre d’espèces que nous avons contacté, j’ai souvent eu des difficultés à être certain des identifications. Et comme à l’accoutumé avant de publier une espèce sur mon site, j’ai cherché des renseignements et détails à la fois pour confirmer l’identification et en apprendre plus sur ce genre nouveau pour moi (comme beaucoup d’autres genres pendant ces prospections).
Mais à ma grande surprise les appendices anaux, à la fois cercoïdes et cerques, et la forme du 10° segment ne correspondent pas du tout à Leptogomphus elegans, comme on peut le voir ici, sur le Blog de Tom Kompier (Dragonflies and Damselflies of Vietnam) ou encore ici sur le blog de Sebastien Delonglée (Vietodonata).
D’ailleurs les organes génitaux secondaires, sous S2, non plus.
En réalité les appendices anaux ne correspondent à aucune espèce vietnamienne (8 leptogomphus au Vietnam, actuellement…), et pour Phan Toan (Faculty of Biology & Environmental Sciences, University of Education, the University of Danang) a qui j’ai aussi montré ces photos, il est certain que cette espèce n’a jamais été enregistrée au Vietnam.
Mais la région de Pia Oac, tout au nord du Vietnam, est toute proche des provinces chinoises du Guangxi et du Yunnan, du Myanmar, et du Laos. Malheureusement un certain nombre des espèces de ces contrées voisines ont été pauvrement décrites, sans dessins des appendices. Dans un cas, seule la femelle a été décrite il y a 70 ans.
On ne peut écarter la possibilité que ce Leptogomphus fasse partie des 3 espèces pour lesquels Phan Toan n’a pas de description correcte, ni que ce soit une nouvelle espèce. L’avenir le dira car cet entomologiste vietnamien doit retourner sur place cette année, muni des coordonnées géographiques de l’endroit ou je l’ai photographié.