Ris a capturé le spécimen qu’il a décrit en 1916 au Tonkin, c’est-à-dire l’actuel nord Vietnam. Je n’ai pas eu accès à la description originale, en allemand, seulement à une clé des mâles par Lieftinck ou il donne une longueur de l’abdomen de 48 à 49 mm pour la femelle (comme ici) soit une longueur totale de 66 mm environ (A Revision of the known malaysian Dragonflies of the genus Macromia Rambur).
L’espèce est connue en Chine (Fujian, Guangdong, Hainan, Hong Kong et Taïwan), au Japon, au Vietnam et aussi en Malaisie, mais cette dernière localisation semble curieusement ignorée par l’IUCN.
Cette femelle a été capturée sur une rivière au fond de sable et de gravillons dans un environnement boisé et vallonné, où le cortège de Gomphidae et de Macromia est spectaculaire.
Les trois photos de cette page sont différentes photos de la même femelle à quelques secondes d’intervalle. Je suis très surpris de constater la densité des épines sur les tibias des pattes moyennes sur la photo ci-dessus. Ici, un agrandissement de cette photo.
Il semble, que comme toujours, il y ait deux rangées d’épines sur les tibias ouvertes en « V » vers l’avant, mais aussi la même chose vers l’intérieur avec des épines plus courtes. Les épines sur le fémur paraissent aussi plus nombreuses que d’ordinaire, et cette singularité touche aussi les pattes antérieures… C’est peut-être le cas d’autres Macromia, mais je n’avais jamais eu l’occasion d’observer ce type de répartition des épines sur un autre odonate. Ces Macromia se servent-elles aussi des pattes moyennes pour capturer leurs proies alors que ce rôle est plutôt habituellement dévolu aux pattes antérieures ?
Sur cette dernière photo, on admire ses yeux superbes, avec deux zones bien délimitées qui correspondent à deux structures différentes, deux nappes différentes d’yeux simples ou ommatidies qui réalisent l’œil composé des odonates. Chacune de ces zones a un rôle défini.
Mais on remarque aussi les taches sombres dans la partie inférieure de l’œil, taches qui semblent situées au fond de l’œil et que l’on aperçoit par transparence : il s’agit de ce qu’on appelle des pseudo-pupilles.
Les pseudo-pupilles correspondent aux régions où la direction des ommatidies est la même que celle de l’axe optique de l’observateur et ce phénomène se matérialise sous la forme de taches (virtuelles) noires.
À noter aussi les curieuses cornes qu’elle porte sur le front.