Au Vietnam, nous n’avions parlé de cette espèce que sous le nom d’Orthetrum melania mais les renseignements et photos que j’ai trouvé sur le Web ne correspondaient à notre espèce. J’ai alors cherché la description originale, ne serait-ce que pour connaître la taille de l’holotype, mais aussi pour trouver l’explication du nom de l’espèce.
C’est Selys de Longchamps, dans Les Odonates du Japon paru en 1883, qui l’a décrite sous le nom de Libella melania, mais il n’évoque pas du tout ces bandes claires, légèrement bleutées qui barrent les parties antérieures et latérales de son thorax.
À force de recherches, j’ai fini par apprendre qu’il existait plusieurs sous-espèces d’Orthetrum melania et j’ai finalement découvert que Tom Kompier avait participé à la découverte de cette sous-espèce, et cosigné une parution dans Tombo : A new subspecies of Orthetrum melania from Vietnam (Odonata: Libellulidae), Tom Kompier & Ryo Futahashi, 2016.
Tom m’a gentiment envoyé ce papier qui me permet de comprendre mieux cette espèce intéressante, dont l’espèce nominale (au thorax uniformément couvert de pruinosité) a été d’abord été décrite comme Libella (tache sombre à la base des ailes…), puis a été incluse par Ris dans l’espèce Orthetrum triangulare avant que Sasamoto & Futahashi (2013) ne la valide comme une espèce valide sur la base de critères génétiques et morphologiques. Ces mêmes auteurs ont ensuite démontré sur la base de critères génétiques que les 4 sous-espèces d’Orthetrum melania alors connues étaient bien valides, même si les différences morphologiques étaient subtiles.
Tom Kompier & Ryo Futahashi ont montré que l’espèce collectée au Vietnam était à son tour valide, montrant des différences génétiques et morphologiques avec les autres sous-espèces. Elle a été nommée superbum en raison de sa grande taille (abdomen 35 mm) et de ses franches bandes de pruinosité bleu clair qui tranchent sur son thorax noir. Elle se distingue d’ailleurs de toutes les autres sous-espèces d’Orthetrum melania par ces bandes claires qui lui sont uniques.
Elle est endémique du Vietnam, et bien sûr peu commune.
Nous l’avons observé à Pia Oac au bord d’un étang certainement profond, interagissant puis chassé de son support par O. glaucum pourtant plus petit.
Il se pose toujours le problème de l’existence et de la validité de la notion de sous-espèce ; étant génétiquement et morphologiquement séparées, ces sous-espèces ne sont-elles pas simplement des espèces pleinement valides.
Ici, la répartition de Orthetrum melania : IUCN Red List