J’avais eu le même « problème » en Malaisie avec ce Libellulidae, les mâles sont connus pour arpenter inlassablement les rivières et se poser assez rarement… ou en tout cas, ils se posent là où il n’y a pas de photographe 🙂 L’espèce est commune sur les rivières au Vietnam (10 jours sur les 13 prospectés) mais les photos en vol sont toujours au petit bonheur et faites en vitesse parce qu’on suspecte, avec raison, de nombreuses autres espèces à découvrir sur le même site.
C’est une espèce très largement répandue en Asie, depuis le Sri Lanka jusqu’à la Chine et Bornéo, et il n’est donc pas étonnant qu’on en décrive des sous-espèces. Mais elles sont particulièrement nombreuses, 12, sans que leur statut taxonomique soit encore réellement validé, simples variations géographiques ou réelles sous-espèces (si ce dernier terme à un sens…).
IUCN Red List
Cette femelle posée au bord du chemin a été une surprise, mais nombreux autour d’elle, elle n’est pas restée longtemps. On note un petit point rouge à la base de l’aile postérieure droite ; certainement un hydracarien parasite. Sur cette photo, elle semble imposante, et c’est une belle espèce dont l’aile postérieure du mâle fait environ 40 mm, et l’abdomen 36-37 mm.
A Cao Bang l’espèce était très bien représentée, et à la confluence de deux rivières, les couples volant en tandem, s’entrecroisant étaient spectaculairement nombreux. Un peu à l’écart dans le sous-bois inondé, plusieurs femelles étaient en ponte et on peut apercevoir ici une masse d’œufs sous les derniers segments abdominaux.
Quand on les voit ainsi passer devant soi, on ne résiste pas à la tentation de shooter, mais les résultats sont rarement à la hauteur des espérances… Les femelles pondent en tandem ou seules.
Le nom de genre Zygonyx m’a toujours étonné et j’ai fini par en trouver l’origine étymologique ; il dérive du grec Zygon qui signifie paire (comme dans « zygoptère » qui signifie paires d’ailes, pour paires d’ailes de même forme) et de Onyx qui signifie griffe. En effet, dans ce genre, les griffes terminales des pattes portent une longue épine, aussi longue que la griffe elle-même, si bien que l’extrémité de la patte semble porter une paire de griffes plutôt qu’une unique griffe bifide (The meaning of the scientific names of Seychelles dragonflies (Odonata), Heinrich Fliedner & Andreas Martens).
Ce caractère qui appartient aussi au Macromia a fait que le genre a d’abord été classé dans la famille des Corduliidae.
Il me reste à trouver l’origine du nom d’espèce que lui a donné Selys; peut-être en raison de la présence d’une ligne jaune sur le 7° segment, ligne qui le différencie de Z. ida, un des seuls représentants connus du genre balbutiant quand Selys en fait la description dans les Annales de la Société Entomologique de Belgique, T 35, 1891.