Le 4 et le 5 avril 2012, près de la baie d’Halong, puis à Hanoï, ces minuscules petits Coenagrionidae sont à peine visibles dans les herbes. Leur abdomen mesure 16-17 mm, l’aile postérieure 11 mm.
Ils se plaisent dans les rizières abandonnées, près des petites mares, des fossés ou des flaques, ou sur les canaux, comme dans le Musée des Ethnies, à Hanoï.
Ils sont assez faciles à identifier, car leurs appendices anaux inférieurs sont sensiblement plus longs que les supérieurs.
Agriocnemis femina mâle, Vietnam, 2012
Vietnam 2018 Agriocnemis femina
Nous avons rencontré ce petit Agriocnemis, Variable wisp en anglais, 7 jours sur les 13 de prospection, mais il a pu passer inaperçu, d’autant que nous ne lui avons jamais consacré de temps, sachant à chaque fois que nous le reverrions et que d’autres espèces bien moins communes nous attendaient. Sur la photo ci-dessus de ce jeune mâle, on note la longueur des appendices anaux inférieurs, nettement plus longs que les supérieurs ; c’est le critère qui permet de le séparer de Agriocnemis pygmaea de façon définitive.
Quant aux femelles comme celle-ci dessous, c’est la forme du pronotum qui permet de trancher entre ces mêmes espèces. Quand il y a un lobe postérieur (d’ailleurs redressé), bien visible ici en cliquant sur la photo, c’est Agriocnemis femina. Ici, un schéma permet de les séparer.
Quand on observe le sujet ci-dessous, il est difficile de penser qu’il s’agit de la même espèce, et pourtant il s’agit de la forme âgée du mâle. Il a presque complètement perdu la coloration rouge des derniers segments et son thorax s’est couvert d’une spectaculaire pruinosité blanche. J’ai d’ailleurs rencontré en Malaisie un mâle intermédiaire avec pruinosité thoracique, mais les derniers segments encore rouges.
Pour les femelles, l’évolution de la coloration est encore plus spectaculaire ; ci-dessus une femelle considérée comme mature. Ci-dessous cette femelle rouge est considérée comme une forme immature ; elle deviendra verte à maturité, mais on trouve néanmoins dans « Dragonflies of Singapore » un mâle pruineux accouplé à une femelle rouge, et bien d’autres exemples sur le Web et ici plus bas, ce qui souligne encore une fois, que maturité sexuelle et ce que nous considérons comme la coloration des sujets matures ne va pas forcément de pair.
Enfin un accouplement entre un mâle et une femelle verts (avec peut-être une trace de pruinosité sur le mâle).
Pour simplifier… on reconnaît actuellement deux sous-espèces d’Agriocnemis femina; Agriocnemis femina femina et Agriocnemis femina oryzae. L’aire de distribution de la première s’étendrait du Sri Lanka jusqu’au nord de l’Australie (!) quant à la seconde, elle serait sino-japonaise.
Les différences entre les mâles des 2 espèces sont très légères au niveau des appendices anaux, plus marquées au niveau du pronotum pour les femelles (Insects of Micronesia, M.A. Lieftinck, 1962, dans lequel on trouve des croquis et descriptions détaillés).
La forme oryzae est présente dans l’ile d’Hainan, dans la mer de Chine, à environ 200 km des côtes nord vietnamiennes et je n’ai pas réussi à savoir à quelle sous-espèce (ou espèce différente non encore validée) appartiennent les sujets que nous avons observés.
IUCN Red List
Aussi au Laos et en Malaisie.