J’ai mis un point d’interrogation après le nom d’espèce, car l’identification de Ischnura mildredae pose un problème, nous l’avions d’ailleurs appelée carpentieri sur place. Il existe une controverse autour du groupe rufostigma qui serait composé de 4 espèces, dont carpentieri pour certains auteurs (G.S. Vick, Odonatologica, 1986), alors qu’un autre (Asahina, 1970) y voit une espèce et des sous-espèces. Ces quatre espèces valides selon Vick sont donc carpentieri, rufostigma, annandalei et mildredae, alors que pour Asahina annandalei et carpentieri sont des synonymes de mildredae, qui est lui-même une sous-espèce de rufostigma…
Pourtant, Vick a bien souligné des différences structurelles au niveau du tubercule qu’ils portent sur le S10, et sur la forme des appendices anaux.
La photo du sujet ci-dessous montre des appendices anaux à peu près nets, ce qui a permis de tenter un agrandissement.
Et j’ai donc successivement présenté les schémas qui figurent dans le document de Vick cité ci-dessus et l’agrandissement des derniers segments de ce sujet.
Si on compare mon sujet avec le n° 6 du schéma, soit I. carpentieri, on note une nette différence tant au niveau du tubercule dorsal qu’au niveau de la forme des appendices anaux inférieurs.
Mon sujet est certainement beaucoup plus proche du n° 7, soit I. mildredae avec son tubercule dans l’axe du segment et les appendices anaux très aigus et recourbés vers le haut.
Quoi qu’il en soit, ces sujets font partie du groupe rufostigma, appellation facile à comprendre quand on remarque les ptérostigmas rougeâtres des ailes antérieures. C’est un animal spectaculaire par sa coloration qui ne passe pas inaperçu même s’il est minuscule, environ 29 mm, 23 mm pour l’abdomen.
Parmi les Ischnura du groupe rufostigma que j’ai rencontrés soit durant ce tour en 2018, soit au Vietnam en 2012, soit au Laos en 2010 j’ai remarqué que pour tous les sujets qui ont l’apex du 6° segment noirci, comme le sujet ci-dessus, le 2° segment l’est aussi. Les autres n’ont soit pas du tout de noir sur S2, soit une infime partie de sa partie proximale. D’ailleurs le sujet ci-dessus qui est dans ce cas montre des ptérostigmas légèrement différents, sans jaune à l’apex.
Cette différence de coloration des ptérostigmas est utilisé par Mitra et Babu dans « Revision of Indian species of the Families Platycnemididae and Coenagrionidae« , juillet 2010, pour différencier rufostigma, anandalei et mildredae, et cela me laisse tout de même un peu rêveur qu’on construise une clé sur des caractères de coloration aussi subjectifs (rouge brique pour I. rufostigma rufostigma/ rouge orangé pour I. rufostigma anandalei).
Seul peut-être le « critère » attribué à I. rufostigma mildredae serait plus discriminant, puisque les ptérostigmas sont donnés avec une bordure distale jaune, ce que l’on vérifie d’ailleurs sur les deux premières photos de cet article.
L’identification du 3° sujet est donc à prendre avec encore plus de précautions…
Quant à la répartition de l’espèce, elle est impossible à déterminer tant que la taxonomie ne sera pas largement admise…
Your a star Benoit!
Thanks, but maybe a bit too much 🙂