La cuticule (c'est à dire la carapace) et les ailes de la plupart des insectes, surtout aquatiques, sont hydrophobes (elles repoussent l'eau) et certains de ces insectes ont une cuticule qu'on qualifie de super hydrophobe. Le "but" est de diminuer la mouillabilité des insectes qui vivent près de l'eau ; pour des libellules mâles il est capital que les ailes ne se mouillent pas après une chute dans l'eau occasionnée, par exemple, par un combat territorial, sinon ils ne pourraient plus décoller. Pour tous les zygoptères qui se posent avec les ailes jointes, la pluie serait catastrophique car les ailes resteraient collées à la moindre goutte d'eau, comme 2 feuilles de verre se collent avec une lame d'eau.
Mais pour les femelles qui ont l'habitude d'aller pondre sous l'eau pour cacher leurs oeufs dans les tiges des plantes aquatiques cette propriété est indispensable: elle leur permet, avec la participation des minuscules soies ou épines également hydrophobes qui couvrent leur corps et leurs ailes ( pour certaines espèces), de se recouvrir d'une fine couche d'air qu'elles utiliseront pour assurer leur oxygénation sous l'eau. On observe parfois à l'oeil nu cette couche argentée brillante qui recouvre le thorax des femelles (ou des mâles) immergées. C'est un phénomène assez difficile a saisir en photo car il nécessite pour être mis en évidence une bonne incidence de la lumière sur ce plastron d'air mais on le devine très bien
sur ce mâle Pyrrhosoma nymphula (celui de droite) qui accompagne sa femelle en ponte sous l'eau.
C'est en partie ce qui explique pourquoi les femelles peuvent rester si longtemps sous l'eau (voir la rubrique "
Record de Plongée").
Un phénomène physique améliore encore ce processus; la respiration de l'odonate provoquant une baisse de la pression partielle en oxygène à l'intérieur de la bulle, l'oxygène dissous dans l'eau environnante tend à venir remplacer le gaz consommé. En théorie, et en pratique puisque cela a été démontré par les travaux de
Yoshitaka Tsubak plus l'eau environnante contient d'oxygène, plus l'odonate est capable de rester longtemps immergé.
Pour tout dire, je suis assez content de cette photo, et elle a d'ailleurs servi d'illustration à Dennis Paulson, dans
Dragonflies and Damselflies, a Natural History , Ivy Press, 2019.
Clic...
Clic...
On the respiratory mechanism during underwater oviposition in a damselfly Calopteryx cornelia, Selys - Yoshitaka Tsubakia, Chihiro Katoa, Satoshi Shintanib - Journal of Insect Physiology 52 (2006) 499–505.